Quand tu vas voir un film de Ken Loach, tu sais à quoi t'attendre : une réalisation de style naturaliste (renforcée par une distribution composée très souvent de non-acteurs/acteurs méconnus) pour une œuvre militante et engagée, et traitant frontalement des injustices sous toutes leurs formes.
Et à 87 ans, le cinéaste britannique ne déroge pas à cette règle avec ce «Old Oak», abordant une nouvelle fois ses thématiques fétiches et en l'ancrant dans une réalité très récente, avec notamment la crise des migrants venus de Syrie.
Pas de réelle surprise donc, nous voilà une nouvelle fois en terrain ultra-connu. Et malgré cela, Loach arrive à toucher juste dans ce qu'il veut nous montrer et nous dire.
En évitant ingénieusement tout misérabilisme dans son propos, le film nous dresse le portrait de deux communautés qui sont loin d'être aussi différentes l'une de l'autre.
Deux communautés qui ont subies, la guerre pour l'une, le chômage massif pour l'autre, et qui tente de faire du mieux qu'ils peuvent pour leurs proches, jour après jour.
Malgré cette ignorance et cette colère qui s'emparent d'une partie des habitants désoeuvrés de cette bourgade qui voit débarquer des gens qui ne leur ressemblent pas (au premier abord du moins), d'autres vont réaliser que c'est par la solidarité et l'entraide mutuelle que les choses peuvent changer.
Parce que ce n'est pas en s'en prenant à ceux en-dessous de nous quand ça ne va pas qu'on se portera mieux, mais en comprenant l'histoire et la peine de l'autre et en collaborant ensemble pour reconstruire ce qui a été brisé, faire revivre ce qui a été laissé à l'abandon.
Malgré une musique et certains dialogues un peu trop appuyés, ce film respire l'humanité et la sincérité, porté notamment par son très bon duo principal.
Et en ces temps très agités, où tout est prétexte à créer de la division parmi la population, cette fiction traitant de cohabitation et porteuse d'espoir ne peut être que la bienvenue. 7,5/10.