Il y a quelques années, on aurait pu s’étonner qu’un film de cinéma souffre de la comparaison avec une série télévisée. Plus aujourd’hui. Plus depuis que Canal Plus a placé très haut la barre, avec sa série aux réalisateurs multiples, « Le Bureau des Légendes », initiée en 2015 par Éric Rochant, conseillé au plus près par d’anciens fonctionnaires de la Direction Générale de La Sécurité Extérieure.
Ici, Rachel est « the operative », « l’agent secret » œuvrant pour le Mossad, mais s’étant mystérieusement soustraite à lui en disparaissant dans la nature, suite à une mission effectuée en Iran, mission au cours de laquelle elle est tombée amoureuse (et enceinte !) d’un séduisant industriel iranien, interprété avec charisme par l’acteur Cas Anvar. L’enjeu : la retrouver, pour la supprimer, selon le Mossad, pour la protéger, selon Thomas (Martin Freeman), son référent de mission, partagé entre remords, d’avoir ainsi laissé s’échapper son agent, et tendres sentiments pour la belle.
L’intrigue, qui se veut subtilement construite sur une série de flash-backs, manque souvent de clarté, multipliant les invraisemblances, logiques ou psychologiques. Quant à Rachel, interprétée par une Diane Kruger aux traits crispés et au regard traqué, elle affiche si ostensiblement le double jeu et la dissimulation qu’on la prendrait difficilement pour une espionne de haut vol. Autant Sara Giraudeau, en Marina Loiseau dans « Le Bureau des Légendes », est enthousiasmante de naïveté faussement candide, autant Diane Kruger, se faufilant comme une Fantômette pour enfants et se retournant tous les trois pas, est éminemment décevante...
Malgré l’habileté du montage et son rythme de thriller, on devient vite assez indifférent au sort des personnages qui s’agitent, l’air sérieux, sous nos yeux...