Un film d'espionnage qui se respecte se doit d'être un tantinet opaque sinon le spectateur frustré aurait le droit de réclamer le remboursement de son billet. Non ? The Operative respecte bien le cahier des charges mais malgré sa construction trop tarabiscotée en flashbacks il est plutôt clair dans son ensemble, sourçant son caractère réaliste auprès d'un roman écrit par un ancien membre des services secrets israéliens. Pas trop de problèmes de crédibilité, donc, et pas de jamesbonderies non plus dans ce thriller qui nous fait voyager entre Téhéran, Jérusalem et Leipzig. Temps Mossad en fin de journée, en définitive, car au-delà du suspense pur, ce qui intéresse Yuval Adler (auteur d'un bon premier film, Bethléem) c'est la question identitaire de l'espion, son usage quasi quotidien du mensonge et les dommages collatéraux de son "métier" sur sa vie privée. Du point de vue psychologique, The Operative demeure presque constamment passionnant tant son héroïne, une pièce "rapportée" au sein des services secrets émeut par une certaine fragilité et un déséquilibre qui tend à la faire ressembler à n'importe qui de "normal". Le côté humain est l'atout maître de The Operative incarnée par une Diane Kruger, encore une fois splendide, qui semble éprouver physiquement toutes les interrogations et la vulnérabilité de son personnage. Réalisé de manière efficace et sans chichis, le film ne révolutionne pas le genre mais demeure de bonne facture. Faut-il alors regretter cette fin ouverte à tous les vents qui devient la norme pour le cinéma d'aujourd'hui ? Bien sûr qu'il le faut.