Les Monstres !
Bon, bon, bon, bon... The Palace de Roman Polanski. Il a été défoncé puissance 10000 par la critique, après sa projection hors compétition, en avant-première lors de la Mostra de Venise. Est-ce dû au...
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le 1 avr. 2024
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Avertissement au potentiel lecteur de cette chronique : J’écoute Michael Jackson, je lis Céline, j’admire Marlon Brando, je revois Les Valseuses avec plaisir, je souris en écoutant les digressions d’Edouard Baer, je pense que José Giovanni a écrit des scénarios magnifiques et que Roman Polanski a tourné quelques-uns des plus beaux films de l’histoire du cinéma. Voilà, vous avez compris, je sépare l’homme de l’artiste mais cela ne veut pas dire que je cautionne tout ce que l’homme a dit, écrit ou fait.
Je vais essayer d’être le plus objectif possible avec The Palace qui n’est pas, pour moi, le navet intégral décrié à l’unanimité par des critiques qui craignent de perdre leur place en disant du bien de Polanski. Il faut mesure gardée, certains et certaines l’ont largement dépassée en traitant Polanski comme Emile Louis ou Michel Fourniret. On remarquera au passage que le réalisateur Jerzy Skolimowski, vieux complice et ami de Polanski, qui a co-écrit le scénario de The Palace, se fait lui aussi copieusement dézinguer par la critique alors que son dernier film EO, qui raconte l’itinéraire d’un âne, a eu le Prix du Jury en 2022 au Festival de Cannes. On est fréquentable sous conditions dans le monde du cinéma, dis-moi qui sont tes amis et je te dirais si tu as ta place au premier rang ou au fond de la salle, près des toilettes.
The Palace est un peu le remake, construit comme un film à sketchs, du fameux Palace de Jean-Michel Ribes, série télévisée française humoristique des années 80. On suit la journée d’un directeur d’hôtel qui doit répondre favorablement à tous les caprices de sa richissime clientèle. Une journée pas comme les autres puisqu’elle se termine par le passage à l’an 2000 et un réveillon de folie.
Moins drôle que la série mais beaucoup plus trash, limite Hara-Kiri époque Professeur Choron, The Palace déstabilise par son rythme effréné et son humour souvent vulgaire, le résultat est boiteux, certes, mais néanmoins intéressant. C’est daté, on ne déconne plus comme ça sur grand écran depuis un bon moment, Polanski a 91 ans et sa vision du monde est forcément celle d’un vieil homme qui rit de temps en temps, qui grimace souvent et qui oublie parfois qu’il a eu du talent.
The Palace est un défilé de monstres, tous très riches, laids au sens propre comme au sens figuré. Toutes ces actrices refaites, liftées, défigurées, filent la chair de poule, visiblement l’argent ne fait pas le bonheur des riches. Le clou de ce spectacle terrifiant est un Mickey Rourke au visage en bouillie, presque fascinant de laideur, qui donne parfois à cette œuvre l’aspect d’un film de zombies. C’est Le Bal des Vampires mixé avec Walking Dead et Le Muppet Show.
Ce n’est pas un grand film, il se situe très loin des plus belles œuvres de Polanski, c’est évident, mais le traitement qui lui est infligé est injuste, certains salles de cinémas n’hésitant pas à le déprogrammer car il est signé Polanski. Un auteur dont j’ai oublié le nom a dit « La censure est la version ratée de la critique ». Je valide.
Créée
le 11 juin 2024
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