Un film bleu mais surtout pâle

Scott Cooper avait de quoi nous allécher : un beau casting, une ambiance romantique et gothique dans les États-Unis du 19e siècle, l’imaginaire fourni lié au personnage d’Edgar Allan Poe, un mystère la nuit tombée… malheureusement l'écriture et la double intrigue se révèlent faible et chaotique et le rythme lent n'arrive pas à créer une tension pour ce qui s'annonce comme un thriller mélancolique.

Certes, le film est beau, les paysages et compositions, qui semblent souvent tirés de peintures romantiques, sont savamment mis en scène. Ajoutez à ça la neige, la brume et les nuits bleutées, le film est visuellement réussi. Malheureusement, cette ambiance lyrique ne parvient pas à combler les faiblesses du scénario qui ennuie rapidement. De plus, le film semble faire l’économie pingre d’un certains nombres de scènes ou dialogues de liaison (un simple « venez dîner chez moi ce soir pour nous accompagner dans cette épreuve »), provoquant une discontinuité narrative et un manque de cohérence d’une scène à l’autre.

Il est également difficile d’être convaincue de la mise en danger d’un personnage historique dont on connaît déjà l’évidente survie, malgré les grands efforts d’Harry Melling. Si on pardonne ses excès à l’emphase un peu clichée des poètes, les autres acteurs ne sont pas non plus très convaincants, entre un Christian Bâle très en retrait, une Gillian Anderson grotesque ; quant aux autres ont tombe vite dans la figuration. Bref, des intentions, du visuel, mais surtout de la poudre aux yeux (bleus).