The Patriot : Le Chemin de la liberté par pierrick_D_

1775,les américains veulent s'affranchir de l'autorité de la Couronne Britannique.Mais vous connaissez les rosbifs,ces crevards ne veulent pas dégager la piste et le spectre de la Guerre d'Indépendance pointe à l'horizon.Benjamin Martin,héros de la Guerre de Conquête contre les français,est un fermier veuf et père de sept enfants.Du coup il n'a pas envie de retourner au mastic mais il est contraint de laisser son aîné Edouard partir au combat.Malheureusement,vous savez ce que c'est,si vous ne voulez pas aller à la guerre c'est elle qui vient à vous.Les amerlos se font tailler en pièces et les troupes anglaises débarquent dans la plantation de Benji.Patatras,Satanas et malédiction,notre brave cul-terreux y a accueilli des soldats rebelles blessés,ainsi que Doudou venu se réfugier chez son papounet avec des courriers ultra-confidentiels de la mort qu'il doit remettre à un officier supérieur de son armée en déroute.Tout ce fourbi n'a pas l'heur de plaire au colonel Tavington qui commande le régiment british.Il ordonne qu'on pende le messager,ce à quoi s'oppose le second fils Martin,qui est encore plus con que son frère.Tavington abat froidement le gamin et fait brûler la bicoque pour plus de sûreté,sauf qu'il commet ainsi une erreur qui va changer le cours de la guerre.La gourance,c'est de laisser en vie Benjamin,qu'il doit prendre pour un cul-terreux tout juste bon à torcher les vaches alors que le gars est une machine à tuer et qu'il l'a bien énervé avec ses facéties.Ben se met en mode Rambo et va faire aux sujets de Sa Gracieuse Majesté une guerre comme ils n'en ont jamais vue.Avec les deux garçons qui lui restent,des gosses bien jeunes,il se lance à la poursuite du convoi qui emmène Edouard.Parce que oui ils sont bizarres ces anglais,ils emmènent leur prisonnier pour l'exécuter on ne sait où et passent par une forêt propice aux embuscades.Pourquoi ne l'ont-ils pas pendu sur place,c'est très joliment arboré autour de chez les Martin?D'ailleurs le colonel ne s'est pas gratté pour y faire un massacre.Bref la seule raison semble être que c'était mieux pour le scénariste car on a là l'acte fondateur de la révolte du patriot du titre,le moment où il se débarrasse de ses oripeaux pacifistes pour enfin aller casser de l'angliche.C'est aussi la genèse de sa stratégie de combat,qu'il perpétuera tout au long du conflit:un petit groupe très mobile,ici papa et ses deux moujingues armés de vieux fusils d'une étonnante précision,qui attaquent une petite unité rendue vulnérable par la topographie du terrain,peu ou pas de pertes pour un rendement maximum.A partir de là Martin va recruter des partisans et monter sa minuscule mais redoutablement efficace entreprise de guérilla,infligeant de lourdes pertes à l'ennemi et devenant une légende qui remontera le moral des troupes américaines.Ce monument de propagande à la gloire de l'Amérique s'était en son temps planté au box-office,ce qui n'étonne pas vraiment.On avait pourtant mis les petits plats dans les grands avec à la barre l'usineur à blockbus Roland Emmerich,ici réalisateur et coproducteur,à la tête d'un pool de production cossu réunissant notamment son habituel complice Dean Devlin,sa soeur Ute Emmerich,ainsi que Mark Gordon et la Columbia.Par conséquent il y avait du pognon et on n'a pas lésiné sur l'équipe technique et le casting.Rien de moins que John Williams à la musique et Caleb Deschanel à la photo mais le hic c'est qu'il y a également Robert Rodat au scénario.Le type n'est pas une épée et ça va se voir,d'autant que la finesse dans la mise en scène n'est pas le point fort d'Emmerich.Globalement ça se laisse regarder,on est sur de la fresque historique "inspirée de faits réels" avec tout ce qu'il faut de décors,de costumes,d'équipements militaires,d'effets spéciaux,de mélodrame échevelé,de violence sadique et débridée,mais la sauce ne prend jamais vraiment.C'est trop long,c'est trop lent,la narration est arythmique,sans oublier des libertés énormes prises avec la réalité des faits,ça doit être ça qu'ils appellent le chemin de la liberté.Les évènements ont eu lieu mais ça ne s'est pas passé comme ça nous est montré.Les personnages sont eux imaginaires tout en s'inspirant de vrais protagonistes de cette guerre.C'est donc un peu n'importe quoi,l'essentiel semblant être de se rouler voluptueusement dans la bannière étoilée en truffant le film de symbolisme lourd et d'emphase grandiloquente afin de bien établir le statut des USA en tant que nation éclairant le Monde,même s'ils l'ont surtout éclairé avec des bombes.Les anglais sont présentés soit comme des salopards psychotiques assoiffés de sang,l'ignoble Tavington,soit comme des abrutis qu'on berne avec une stupéfiante facilité,la baudruche Cornwallis.Les ricains sont d'héroïques combattants compensant par leur astuce et leur courage leur infériorité numérique et matérielle,et en plus ils chouchoutent leurs employés noirs qui sont des amis chers et non des esclaves,qui a pu inventer cette fable du Sud raciste?Cependant certains éléments judicieux émergent de temps à autre,à l'instar de cette déclaration de Benjamin s'opposant à l'entrée en guerre et disant que ça ne changera pas sa vie de ne plus payer d'impôts à un souverain unique vivant à des milliers de kilomètres pour en verser à plusieurs autres vivant près de chez lui.Du reste le film introduit des éléments de réflexion passionnants quant à la géostratégie et à l'Histoire.Les colons américains,principalement d'origine anglaise,ont combattu au côté des british contre les français.Une fois les frenchies virés ils se sont rebellés contre les anglais lors d'une guerre gagnée en parti avec le soutien....des français!La Fayette nous voilà!Et tous ces braves gens s'étaient au préalable entendus sur le dos des amérindiens qui étaient là avant eux et occupaient de manière gênante le territoire.Aujourd'hui la Grande-Bretagne est depuis longtemps une colonie US et l'Europe de l'Ouest,France comprise,a suivi le même parcours.Et cette belle démocratie du Nouveau Monde est devenue le principal fauteur de troubles de la planète,voici de quoi relativiser avec le recul les mouvements incontrôlables de la politique et de la guerre.On se fout sur la gueule,on gagne,on perd,on recommence,et rien n'est jamais résolu au gré des renversements d'alliances.Vanité des vanités,tout est vanité.On en apprend incidemment pas mal sur l'étrange façon de mener les batailles en ce temps-là.Les deux armées se faisaient face à portée de fusil et on se tirait dessus à chacun son tour.Est-ce que celui qui débutait était tiré au sort?Ou était-ce un échange de politesse style "Messieurs les Anglais,tirez les premiers"?Toujours est-il que les mecs attendaient tranquillement de se faire canarder à tour de rôle et mieux valait dans ces conditions ne pas faire partie des premiers rangs où ça dégringolait sévère.Bon,après cet échange de tirs au nombre probablement préétabli,ceux qui restaient chargeaient à la baïonnette en vue du grand étripage,ce qui est nettement plus convivial,ou plutôt comortel.Mel Gibson est un peu juste dans ce rôle trop complexe et varié pour lui,il a le plus souvent un air hébété qui ne contribue pas trop à l'envisager en super malin.Heath Ledger n'est pas au top non plus en fils impatient et joyeux d'aller au combat,il fera beaucoup mieux par la suite.Les emplois de méchants sont souvent payants et Jason Isaacs nous régale en officier sadique éternellement en quête d'une vilenie à accomplir.Joely Richardson joue la belle-soeur de Ben,qui deviendra sa femme.Elle est bien jolie Joely,mais on la voit peu,les femmes sur le théâtre des opérations c'est une calamité à laquelle on pouvait encore échapper à l'époque.Chris Cooper est très bon,comme d'hab,en supérieur courageux et humain de Ben.Tchéky Karyo est également excellent mais son personnage ne sert pas à grand-chose,hormis à annoncer la future arrivée des troupes françaises,qui tarde d'ailleurs à venir.Les solides Tom Wilkinson,en général anglais stupide engoncé dans les traditions,et Donal Logue,en colon costaud lâche puis téméraire,font parfaitement le job.A part ça il y a un tout jeune Logan Lerman,huit ans à l'époque,et Mary Jo Deschanel qui n'est autre que l'épouse du chef-op.Notes et critiques de films de Roland Emmerich publiées précédemment:"Independence Day:Resurgence"-1,"White House down"-4,"2012"-5.Moyenne:3,7.