Tombé pour Cianfrance

Après l'estimé "Blue Valentine", le réalisateur américain Derek Cianfrance confirme avec cette saga familiale étalée sur une quinzaine d'années, et sur deux (voire trois) générations.
Excellent mélodrame aux forts accents de polar (à moins que ce ne soit l'inverse), "The Place Beyond the Pines" est divisé en trois actes, de durée similaire mais de qualité plus inégale.

Le premier segment, centré sur le personnage de Ryan Gosling, constitue à mes yeux le petit chef d'œuvre à l'intérieur du film. Cianfrance y étale en effet des qualités remarquables : réalisation stylisée, photo superbe, direction d'acteurs irréprochable, sens du rythme, BO inspirée... Je serai attentif à la suite de sa carrière.

Les deux parties suivantes sont loin de faire injure à toutes ces qualités, mais ne dégagent pas la même force, la même intensité, la même beauté électrisante. Ainsi, même s'il ne démérite pas, Bradley Cooper ne parvient pas à rivaliser avec Ryan Gosling en terme de charisme.

Outre la virtuosité de Cianfrance, le film repose sur son casting de premier plan, à commencer par ses têtes d'affiche (Ryan Gosling impressionnant - dans un rôle certes proche de "Drive" - Eva Mendes éblouissante, Dane DeHaan très prometteur) et jusqu'au moindre personnage secondaire, tous très bien écrits et interprétés (Ray Liotta, Rose Byrne, Bruce Greenwood, Emery Cohen...).
Difficile dans ces conditions de ressortir un nom plutôt qu'un autre, mais perso j'ai été particulièrement bluffé par Ben Mendelsohn dans la peau du complice braqueur.

"The Place Beyond the Pines" est donc une belle histoire familiale au long cours, un film abouti tant sur le fond que sur la forme, peut-être seulement un brin convenu sur la fin, et trop inégal pour prétendre au statut de classique incontournable.