The Professional par pierrick_D_

Lucas,tueur à gages pour le compte d'un mafieux,est chargé d'exécuter Ella,une adolescente.Mais au lieu d'honorer son contrat,il part en cavale avec la gamine,tous ses collègues flingueurs les pourchassant.Ah,ce pauvre Jonathan Mostow,encore un qui est tombé au fond de la broyeuse à réals!Le mec n'était pas si mauvais avant,il a quand même fait des trucs très potables comme "U-571" ou "Terminator 3".Mais là,il n'avait rien tourné pour le cinéma depuis huit ans,alors on peut supposer qu'il n'avait pas trop le choix au moment d'accepter cette merde audiovisuelle.Le film fonctionne sur deux registres,aussi nazes l'un que l'autre,le catalogue de clichés et l'accumulation d'invraisemblances débiles.Question poncifs éculés,ça usine à plein régime.Lucas est un salarié du crime,mais c'est au fond un bien brave garçon.Le malheureux est juste traumatisé parce qu'il a fait l'Afghanistan,ce qui est très courant chez les durs à cuire du ciné,et qu'il y a vécu trop d'horreurs.Du coup,il se drogue et n'a jamais vu sa petite fille,dont les photos s'affichent pourtant sur tous les murs de son appart.Donc,fatalement,quand il voit Ella,le transfert s'opère.Il pense à sa gamine,et sa cible,dont les parents viennent d'être rétamés par un autre employé du gang,s'attache à lui comme à un papa.Double transfert pour le prix d'un!Transfert ET rédemption!Car Lulu,au contact de la fille,s'aperçoit qu'il en a marre de dégrouper à la demande,et qu'au fond il n'aime pas trop ça.Alors,il veut changer de vie,devenir un vrai père pour son enfant,la biologique s'entend.Il est évident qu'il y parviendra,après avoir sauvé Ella en massacrant tous ses confrères,en finissant naturellement par le grand chef.Parce qu'entre ce début difficile et cette fin idyllique,il va s'en passer des choses,et c'est là qu'intervient le festival de conneries improbables.Le problème dans ce genre de films,c'est que les professionnels ne sont pas vraiment "professionals".Les héros sont poursuivis par les meilleurs,la crème de l'élite,des gars diplômés de la Fucking Gun High School,des lauréats de la J'tire Academy,coachés par Lucky Luke et Martin Fourcade,ce qui ne les empêche pas de se montrer d'une maladresse ahurissante,ratant invariablement leurs cibles ou attendant pour défourrailler qu'on les descende avant.C'est terrible,il devient impossible,même à prix d'or,de trouver du personnel compétent!Le pire est le plus chanmé de la bande,le killer ultime.Il a l'occasion d'éliminer l'ado sur un quai de gare,ils sont seuls face à face,et il ne tire pas!Qu'est-ce qu'il attend,le gars?Que Lucas se pointe bien sûr,ce qui ne manque pas d'arriver.C'est d'ailleurs une constante dans ces films,chaque fois qu'un des gentils est vraiment en danger,tout s'arrête,ô temps suspend ton vol,jusqu'à ce qu'un tiers intervienne et fasse foirer l'opération.Du reste,le type est tellement mauvais que même lorsqu'il flinguera,presque à bout portant,une Ella immobile à terre,il s'arrangera pour la louper et simplement la blesser à l'épaule,ce qui est une piètre performance pour un tireur de ce niveau.Il faut aussi parler du patron du gang,qui a été chargé comme il faut.C'est un salaud et un hypocrite de première.Côté face,on a un homme d'affaires très prisé de la haute société et versé dans les bonnes oeuvres.Côté pile,c'est un trafiquant de drogue de grande envergure qui ne supporte pas les contrariétés.Il a viré sa femme et enseigne à son petit garçon que c'est une pute,et il martyrise le gamin en l'obligeant à s'entraîner des heures au tir à l'arc,pas assez d'ailleurs comme on le verra plus tard.Quant à ceux qui le trahissent,il les fait exécuter,ainsi que leurs femmes,leurs enfants,leurs domestiques,leurs chiens,et certainement en prime les hamsters et les poissons rouges.Pour se détendre,il file des clodos en pâture à ses dobermans pour les aguerrir au combat.Mais ce charmant personnage sera victime du fameux coup du "blessé qu'on a oublié dans un coin et qui vous flingue par-derrière",bien connu des scénaristes imaginatifs.Ce qu'on croit comprendre,c'est que les auteurs se sont lancé un défi,celui d'écrire après chaque scène une scène encore plus stupide,et de ce point de vue c'est parfaitement réussi.Un scénario de plus en plus crétin,des dialogues de plus en plus absurdes,des personnages de plus en plus incohérents,tout monte en un crescendo infernal.Et ce n'est pas le montage excessivement cut et donnant mal au coeur qui arrange le tableau.Une bonne partie du film a lieu en France,et il est toujours réjouissant de voir notre pays à travers le prisme hollywoodien.Nous assistons médusés à un gunfight géant dans un restaurant où il n'y a que les deux héros et leurs agresseurs.Bon,qu'il n'y ait pas de clients,c'est normal,on est en France,la crise économique,le chômage,l'euro,tout ça,rien que de très logique.Il est par contre plus surprenant qu'il n'y ait pas non plus de personnel,même si ça peut être une conséquence de la faible fréquentation.Personne en salle,personne au bar,personne à la caisse,personne en cuisine,personne sur le parking,bienvenue à l'Oasis Club!Comme ça au moins pas besoin de payer des figurants ou de montrer des victimes collatérales.Les flics français aussi,c'est du lourd.Ils ne sont jamais là quand il faudrait,ou ils arrivent trop tard,mais ça c'est réaliste.En revanche,ils sont capables d'improviser un contrôle d'identité aléatoire sur un quai de gare quasiment désert et de se faire berner par une gamine.La plupart des acteurs sont inconnus,ce qui ne surprendra personne vu leurs prestations.La star de l'étape,c'est Sam Worthington,également impliqué en tant que producteur.Il est d'habitude transparent,et c'est finalement mieux parce que là il essaie d'imprimer la pellicule et c'est pas beau à voir.Lui et la nullarde Odeya Rush estiment apparemment qu'avoir l'air con et les yeux exorbités est une technique de jeu honorable,ce qui aboutit à une double interprétation digne du spectacle de fin d'année de l'IME "Gogols sans complexes".