The Raft
6.4
The Raft

Documentaire de Marcus Lindeen (2018)

Drôle de film, The Raft. En 1973, un universitaire mexicain, mi-anthropologue mi-savant fou, décide de réunir 10 personnes, 5 hommes et 5 femmes, sur un radeau, et de traverser avec elles/eux l'Atlantique à la voile pendant 3 mois, en espérant observer comment naissent tensions et violences parmi ses cobayes. Son but : rien moins que de comprendre ce qu'il faut faire pour supprimer la guerre dans le monde. Et pour s'assurer que l'observation sera fructueuse, Santiago Genovés ne laisse rien au hasard : il nomme les femmes à des postes de responsabilité, espérant susciter la frustration des hommes ; il sélectionne les voyageur/se-s sur leur physique (avantageux) afin d'attiser les désirs et les jalousies ; il leur interdit d'emporter des livres pour les maintenir dans l'ennui... Mais les choses ne vont pas tout à fait se passer comme il l'avait prévu.


Et il s'agit d'un documentaire. Tout cela est rigoureusement authentique, l'expédition de l'Acali a réellement eu lieu. Le sujet est passionnant, mais j'ai passé tout le film à me dire qu'il aurait mieux valu en faire carrément une adaptation fictionnelle, autorisant davantage d'immersion dans ce groupe de personnages qu'on devine attachants mais qu'on ne fait guère qu'entrevoir. Le côté survival et thriller qui s'esquisse dans la seconde moitié du film n'aurait rien gâté. Au lieu de ça, le dispositif choisi me paraît lourd et bavard. La voix off (qui restitue le journal de bord de Genovés), les témoignages rétrospectifs de quelques-un-e-s des participant-e-s, viennent imposer aux événements un sens trop clair. Le va-et-vient entre les images d'archive (car le voyage a été filmé et photographié) et les prises de vue contemporaines, bizarrement esthétisantes et à la limite du kitsch, donne un peu le tournis et nous empêche de nous plonger dans l'histoire. C'est quand même dommage, pour un récit qui se déroule au milieu de l'océan, de ne pas jouer davantage la carte contemplative - un peu plus long, un peu plus lent, un peu plus taiseux...


Ce n'est pas du tout un mauvais film, parce que son sujet est suffisamment original pour se tenir de lui-même, mais c'est un film frustrant, bien inférieur à ce qu'il aurait pu être, en tout cas bien inférieur à ce qu'on aurait voulu qu'il soit.

Gauvain
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le 18 févr. 2019

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