Les Japonais peuvent aller loin dans la provocation. C’est le cas ici avec ce film inspiré d’un manga qui a connu un certain succès dans son pays d’origine. La culture des super-sentai (les super-héros costumés nippons) est extrêmement répandue au Pays du Soleil Levant, et en général peu exportée. Le personnage masqué dont il est ici question fait partie des sentais les plus déjantés et les plus sombres qui soient.
Keisuke semble n’être qu’un simple professeur de lycée. Mais la nuit venue, il viole des femmes contre de l’argent, à la demande de clients ou de clientes qui se sont vus bafoués ou lésés d’une manière ou d’une autre par ces femmes. “Redresser les torts par la pénétration” est la devise de ce personnage costumé qu’est “Rapeman”. Mais ce dernier se retrouve manipulé par l’une de ses clientes et se retrouve ainsi mêlé contre son gré à un complot d’ordre mafieux et politique.
Le plus choquant de ce film est de tenter de nous faire croire qu’il existe une “bonne cause” aux actes de son protagoniste. Justice et violence sont dans une totale confusion, mais après tout, pas plus que dans nombre de productions audiovisuelles où la vengeance est continuellement justifiée par des motifs, au final, obscurs. Quand l’Inspecteur Harry flingue un “méchant”, il y a toujours une “bonne cause” derrière, et l’on donne un beau visage à la peine de mort, entre autres (à ce titre, mention spéciale à la série “Dexter”...) Avec Rapeman, finalement, il n’y a pas grande différence dans sa manière d’agir. La violence est simplement plus tape-à-l’oeil et d’un type différent, là où elle est plus dissimulée dans d’autres films, mais il s’agit de la même logique. Il y aurait de quoi faire une thèse de doctorat sur la confusion entre justice et violence au cinéma...
(Cette critique est parue dans le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" en décembre 2012)