Série de téléfilms britanniques, The Red Riding Trilogy est un cas cinématographique particulier au sens où les trois films n'ont eu droit qu'à une exposition télévisuelle en grande Bretagne alors qu'elle s'est déployée dans les autre pays au sein des salles obscurs. Dans la lignée de la trilogie Pusher, dont elle s'inspire beaucoup, The Red Riding déstructure les personnages, les époques, les histoires afin de proposer un récit chaque fois différent sans changer les rôles ni les acteurs, seul le moment diffère. L'idée étant, comme l'explique Julian Jarrold, le cinéaste : "de créer trois films à la fois indépendants et interconnectés. Nous voulions que le triptyque forme un ensemble plus grand que la somme de ses parties".

1974 est donc le premier opus de la saga, il suit les investigations d'un ambitieux journaliste (Andrew Garfield, plutôt bon) sur l'enquête de jeunes filles disparues. Ce premier volet trouve sa source, comme le reste de la saga, d'une série de roman policier de David Peace. Le polar façonne donc chacune des parties, chaque réalisateur proposant sa version, sa mise en scène, son ambiance du Yorkshire des années 70-80. Chez Jarrold c'est un lieu triste, gris, sa photographie enclenche sa vision des choses : elle est terne, pluvieuse, ennuyeuse, cette déception visuelle affaiblit le propos, pas très passionnant non plus. La première heure se révèle même être un calvaire, ce polar fade, dépressif, enchaîne les scènes de dialogues à la platitude tenace sans montrer un seul signe d'intensité ou d'une maîtrise du suspens.

C'est l'ennui total, l'investigation n'accouche d'aucun retournement, d'aucunes surprises, les scènes semblent se répéter, l'impression d'étirer le temps, le scénario s'impose à nous une bonne heure. Il faut toute la présence du génial Sean Benn pour nous sortir de notre torpeur, à lui seul il dynamise une sieste qui n'avait que trop duré. Son charisme de businessman véreux et corrompu ajoute, enfin, de l'enjeu dramatique, une véritable opposition, une figure ennemie. Le jeu d'Andrew Garfield ne s'en porte que mieux, le personnage évolue avec lui au sein d'une longue descente aux enfers qui parvient en définitive à nous passionner. En bref, c'est inégal ; c'est lent, mou une bonne partie du film, ça se redresse vers la fin : punchy, intense, 1974 en devient presque agréable, particulièrement par la confrontation Sean Bean-Andrew Garfield qui sauve Jarrold de la dépression filmique. Le cinéaste, qui nous l'a joue Pusher version UK, n'est pas Nicolas Winding Refn, sa mise en scène n'est pas à la hauteur, son sens de la narration non plus. Mais bonne nouvelle : il ne réalise pas le second opus, chaque partie étant confiée à un metteur en scène différent. Alléluia.
Nicolas_Chausso
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le 29 juin 2013

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