Remake de Le Convoi Sauvage, moins positif et moins vrai que l'histoire authentique de Hugh Glass

Excellente mise en scene d’un film de survie à partir d’un épisode de la vie de Hugh Glass (un trappeur canadien laissé pour mort dans la forêt par ses compagnons après une attaque par un grizzly). Mais la comparaison avec Man In Wilderness (le Convoi Sauvage) de Richard C. Sarafian en 1971 est au détriment de ce nouvel opus.

Le film avec DiCaprio (qui mérite certes ses oscars de mise en scène et de meilleur acteur) est centré sur le survivalisme et la vengeance, et surtout il fait de la vengeance le moteur même de la survie de Glass.

Or, cela ne correspond même pas de loin à la vérité historique, car dans la vraie vie, Glass épargnera les deux comparses (qui l’avaient abandonné presque mort) quand il les eut retrouvés successivement, se contentant de récupérer son fusil : quel style et quelle classe !

Dans l'ancien opus de Sarafian, avec la mise en relief des capacités exceptionnelles de Glass (alors nommé Zachazy Bass et joué par Richard Harris) Sarafian valorisait donc, au contraire de Inarittu, les ressources positives de la nature et pas seulement son caractère hostile : son coté vivant, contrasté, avec sa part de férocité mais aussi de ressources, notamment nutritives et soignantes (c'est la terre qui réanime Bass mourant et seul), une nature positive incluant les humains, celle des indiens (accouchement dans le ruisseau) comme celle des trappeurs.

Et en particulier il valorisait la nature humaine de Zachary Bass (Hugh Glass) qui « pardonne » à la fin plutôt que de se venger. Et ce n'est pas un pardon dispensé dans une optique chrétienne convenue mais il est la leçon ultime de sa survie exceptionnelle : passer à autre chose au lieu de revenir à une malveillance ciblée, médiocre, fut-elle justifiée par ce qu’il a subi. Le dernier plan était le visage radieux de Richard Harris - Bass s’éloignant des misérables qu’il laisse derrière lui, décontenancés.

Dans le film de Inarritu, tous les personnages (indiens, trappeurs, soldats français et anglais) sont détestables de violence, de ressentiment et par suite de peur, et on se demande pourquoi dans ces films qui sont censés être «ultra réalistes » comparés aux westerns plus anciens, les personnages choisiraient de vivre (ou continueraient à vivre) dans ces endroits monstrueux de tous les points de vue, nature et humanité conjuguées.

(Vu en 2018, écrit en 2018).

Michael_Faure
8
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le 3 nov. 2024

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Michael_Faure

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