Marche funèbre
Ce n'est pas très conventionnel, mais commençons par une mise au point entre rédacteur et lecteurs : je fais partie des rares personnes qui n'ont pas aimé Birdman, le précédent travail d'Alejandro...
le 25 févr. 2016
173 j'aime
41
Excellente mise en scene d’un film de survie à partir d’un épisode de la vie de Hugh Glass (un trappeur canadien laissé pour mort dans la forêt par ses compagnons après une attaque par un grizzly). Mais la comparaison avec Man In Wilderness (le Convoi Sauvage) de Richard C. Sarafian en 1971 est au détriment de ce nouvel opus.
Le film avec DiCaprio (qui mérite certes ses oscars de mise en scène et de meilleur acteur) est centré sur le survivalisme et la vengeance, et surtout il fait de la vengeance le moteur même de la survie de Glass.
Or, cela ne correspond même pas de loin à la vérité historique, car dans la vraie vie, Glass épargnera les deux comparses (qui l’avaient abandonné presque mort) quand il les eut retrouvés successivement, se contentant de récupérer son fusil : quel style et quelle classe !
Dans l'ancien opus de Sarafian, avec la mise en relief des capacités exceptionnelles de Glass (alors nommé Zachazy Bass et joué par Richard Harris) Sarafian valorisait donc, au contraire de Inarittu, les ressources positives de la nature et pas seulement son caractère hostile : son coté vivant, contrasté, avec sa part de férocité mais aussi de ressources, notamment nutritives et soignantes (c'est la terre qui réanime Bass mourant et seul), une nature positive incluant les humains, celle des indiens (accouchement dans le ruisseau) comme celle des trappeurs.
Et en particulier il valorisait la nature humaine de Zachary Bass (Hugh Glass) qui « pardonne » à la fin plutôt que de se venger. Et ce n'est pas un pardon dispensé dans une optique chrétienne convenue mais il est la leçon ultime de sa survie exceptionnelle : passer à autre chose au lieu de revenir à une malveillance ciblée, médiocre, fut-elle justifiée par ce qu’il a subi. Le dernier plan était le visage radieux de Richard Harris - Bass s’éloignant des misérables qu’il laisse derrière lui, décontenancés.
Dans le film de Inarritu, tous les personnages (indiens, trappeurs, soldats français et anglais) sont détestables de violence, de ressentiment et par suite de peur, et on se demande pourquoi dans ces films qui sont censés être «ultra réalistes » comparés aux westerns plus anciens, les personnages choisiraient de vivre (ou continueraient à vivre) dans ces endroits monstrueux de tous les points de vue, nature et humanité conjuguées.
(Vu en 2018, écrit en 2018).
Créée
le 3 nov. 2024
Critique lue 3 fois
D'autres avis sur The Revenant
Ce n'est pas très conventionnel, mais commençons par une mise au point entre rédacteur et lecteurs : je fais partie des rares personnes qui n'ont pas aimé Birdman, le précédent travail d'Alejandro...
le 25 févr. 2016
173 j'aime
41
Passé l’exercice de style, accompli avec un brio rafraîchissant et sans précédent, de Birdman, Inarritu revient avec une œuvre, toute aussi maîtrisée, mais plus complète. Dès l’une des premières...
Par
le 28 déc. 2015
114 j'aime
18
Il est parfois de grandes énigmes qui se révèlent être de parfaits trompe-l’œil. De face, l'absence d'Oscar pour Leonardo jusqu'à ce film pouvait sembler incompréhensible. Mais en se déplaçant de...
Par
le 29 févr. 2016
102 j'aime
23
Du même critique
Avec la séquence d’ouverture où un cavalier, joué par Sterling Hayden, traverse un col une guitare sur le dos tandis que des pans de montagne explosent au-dessus de lui, puis jette un oeil...
il y a 4 jours
2 j'aime
Des veterans du Vietnam sont à la dérive à leur retour au foyer. Le major joué par Devane est confronté tristement à sa solitude car il n’est plus aimé de sa femme mais celle - ci et son fils sont...
il y a 8 jours
2 j'aime
Un pickpocket, Richard Widmark, une prostituée, Jean Peters, une vieille vendeuse de cravates, Thelma Ritter, qui est aussi une indicatrice, tous des personnages de lumpen prolétariat pris d'une...
le 15 nov. 2024
2 j'aime