Un pickpocket, Richard Widmark, une prostituée, Jean Peters, une vieille vendeuse de cravates, Thelma Ritter, qui est aussi une indicatrice, tous des personnages de lumpen prolétariat pris d'une partt entre des espions cultivés qui ont des idéaux mais usent de moyens médiocres et immoraux, et d'autre part des flics ni très futés, ni trop moraux, plutôt abrutis par leur job, lequel n’est pas si bien fait que ça.
L’histoire est une tranche de la vie de ces petits délinquants et leur course vers l’argent (des tout petits magots).
C'est un parcours de marginaux qui semble tracé vers le bas mais ils trébuchent, d’abord par amour, puis, alors que ce parcours reprend vaille que vaille, il est finalement détourné de la déchéance par un mouvement de rédemption du côté des deux jeunes (c'est leur révolte contre les espions mondains habitués à la trahison et au meurtre), par une mort sacrificielle, lasse et digne, pour la vieille indicatrice Moe (une scène magnifique qui a frôlé l’Oscar parait il).
La narration est formidable : un rythme très rapide, des rebondissements et des accès de violence bien rendus.
De plus, alors qu'on suit les parcours dans l’action de plusieurs personnages, les portraits des principaux sont limpides, y compris dans leurs ambiguïtés et dans leurs évolutions, et ils sont croisés par ci par là par des personnages secondaires croqués en quelques gestes, répliques ou par quelques angles de camera, dans de très courtes scènes.
C’est quand même fort car c'est de la série B et elle va très vite. Bravo le cinoche !
(Note écrite en 2018, publiée en 2024).
Par ailleurs, nulle question de drogue dans ce film. Le titre français travestit le pitch pour du politiquement correct de l'époque.