Marche funèbre
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Il y a quelques semaines, Quentin Tarantino nous proposait avec Les Huit salopards, son western enneigé et crépusculaire, une véritable réflexion sur l'histoire d'une nation forgée dans le sang. D'Amérique pourrie, de barbarie, il en est également question chez Iñárritu, dont l'oeuvre, tout aussi enneigée et crépusculaire, tend cette fois-ci vers le survival movie métaphysique.
The Revenant est un uppercut, une expérience absolument sidérante de brutalité, mais aussi, de savoir-faire technique. Tourné en lumière naturelle et dans des conditions extrêmes, par une équipe prête à attendre telle position du soleil pour obtenir tel éclairage (vu le résultat à l'image, je vous assure que ça vaut le coup), le film multiplie les exploits formels. De l'emploi du grand angle au choix de faire durer les plans le plus longtemps possible, tout est là pour immerger le spectateur dans cette aventure à la fois éprouvante et fascinante. Bien sûr, il y aura toujours des râleurs pour faire la fine bouche et dire que ce n'est qu'un exercice de style vaniteux... Mais personnellement je n'ai rien contre l’esbroufe, notamment quand elle sert le récit. Ici, c'est tout simplement une mise en scène extrêmement immersive, au service d'une oeuvre totalement sensorielle et viscérale, que l'on vit, que l'on subit littéralement.
Il faut cependant savoir apprécier les moments contemplatifs à la Terrence Malick qui ponctuent le film (soyez rassurés, c'est beaucoup mieux que les derniers Malick). On peut également chipoter sur quelques longueurs. Effectivement, deux heures et demie pour une trame narrative aussi modeste (une mort et une résurrection symbolique, une vengeance), c'est un peu trop. Ou alors, est-ce pour nous mettre dans le même état d'épuisement que le personnage joué par DiCaprio ? Why not...
Ce qui nous amène à la prestation de Leonardo, certes très outrée, mais qui tient véritablement de la performance, tant l'acteur semble habité par son rôle. Tel Matt Damon dans Seul sur Mars, la star enchaîne les exploits de survie au cours de scènes instantanément cultes. On le voit survivre à un ours, ramper dans la neige, manger du foie de bison cru, dormir dans des endroits improbables... Un bonheur ! Du côté des acteurs secondaires, Tom Hardy (avec son accent sorti d'outre-tombe) et Domhnall Gleeson délivrent chacun une interprétation tout aussi remarquable.
Croyez-moi, malgré deux ou trois lenteurs et un mysticisme un peu lourdingue, The Revenant ne démérite pas son succès. De sa séquence d'ouverture dantesque à son climax d'une violence à vous glacer le sang, le long-métrage captive en permanence. Alejandro Iñárritu, Emmanuel Lubezki (meilleur chef opérateur du moment) et Leonardo DiCaprio sont au sommet de leur art et on en ressort complètement secoué !
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2016 et Les meilleurs films d'Alejandro González Iñárritu
Créée
le 4 mars 2016
Critique lue 288 fois
2 j'aime
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