Marche funèbre
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le 25 févr. 2016
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Moi et les films contemplatifs, c'est une histoire très compliquée. Ayant naturellement du mal à rester concentré, j'ai besoin qu'un film ne me laisse pas trop d'opportunités de me perdre dans mes pensées. Ce qui veut dire qu'un film affichant de longues plages de silence sans véritable action risque de me faire un peu décrocher, mais j'ai pourtant noté des exceptions. Je peux apprécier des moments de silence, de contemplation, mais à la condition que cela ne s'éternise pas trop. C'est à cause de ça que je me suis fais suer comme un singe mort devant 2001. C'est comme ça, je n'y peux rien et je le regrette sincèrement. C'est ainsi qu'un trip comme The Revenant avait peu de chances de me maintenir en éveil du début à la fin.
Pourtant j'y croyais au début. L'ambiance sonore est peu tapageuse et efficace, l'intro nous cloue au siège et les plans séquences apportent quelque chose de viscéral à ces scènes de barbarie. Les personnages expriment tous une hargne et une fatigue impressionnante, mention spéciale à Tom Hardy que je n'ai pas reconnu et dont le simple regard trapu suffit à fasciner. On ressent véritablement leur douleur face à une nature indomptable et leur force de volonté impose le respect. La manière dont l'élément perturbateur allait se manifester m'a également tenu en haleine. On sait parfaitement ce qu'il va se passer, mais on attend le moment où ça va se produire. Ajoutez à ça les décors majestueux et sauvages, filmés de fort belle manière, et je me trouve conquis.
Et puis vient le moment où le film commence pour de vrai, la survie du personnage de Leonardo DiCaprio seul en terrain hostile. Et là, ça a commencé à nettement moins m'intéresser. Je savais pourtant à quoi je devrais m'attendre, mais j'espérais que la réalisation saurait me captiver. On a bien quelques péripéties, très bien rendues, ainsi qu'un finale sauvage à la hauteur de l'acharnement dont le héros (et donc le spectateur) a fait preuve. Mais les errances de Hugh Glass, qu'elles soient physiques, sociales ou spirituelles, ne m'ont pas parues bien marquantes. On se retrouve à avoir beaucoup BEAUCOUP de plans de paysages et surtout de pins en contre-plongée, c'est beau et ça témoigne d'une nature qui domine le héros, mais j'ai quand même eu l'impression que c'était trop fréquent pour la bonne marche du récit. Les moments un peu mystiques ne m'ont pas semblé saisissants, peut-être leur manquait-il une dose d'étrangeté pour témoigner plus efficacement de la faiblesse mentale d'un protagoniste épuisé. Je n'ai pas eu l'impression que la marche de Hugh Glass le forgeait ou au contraire le rongeait malgré les épreuves subies, je ne sentais pas de vraie progression qui aurait pu me donner envie de voir jusqu'où il irait. Ses péripéties n'ont pas été suffisantes pour rendre les 2h30 fluides.
Comme signalé en introduction, je ne fais peut-être pas partie du public qui aura le plus de facilité à apprécier un film de ce genre, bien qu'il ne soit pas aussi austère que ça. Il a des qualités indéniables et suit la bonne démarche pour un tel trip, mais il n'en fait peut-être juste pas assez. Il méritait clairement un visionnage et m'a apporté de bonnes choses, mais je n'y reviendrais sans doute pas.
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Créée
le 26 févr. 2016
Critique lue 328 fois
4 j'aime
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