Marche funèbre
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Au fil des films, Iñárritu construit une œuvre ostentatoire et édifiante, terriblement sérieuse et lourde de sens, à coup de mouvements de caméra virtuoses et de sujets bigger than life. Semblant ici s'emparer du cinéma d'aventure à lui tout seul, il cherche à gagner par K.O. en terrassant son acteur principal autant que le spectateur. On est dans la performance.
Leonardo DiCaprio rampe, se traîne, souffre, se couche nu dans le ventre d'un cheval après lui avoir ôté les intestins, râle et survit. C'est le sujet du film, The revenant (le revenant...), sorte de western que certains qualifieront d'apocalyptique (c'est la mode), noir voire mystique (il y a du Malick chez Iñárritu...) dans lequel tout le monde se pourchasse, se vole, se viole, se trahit et se tue.
On dirait une installation, un film crasseux mais avec des millions, une mise en scène trash mais propre, du cinéma d'aventure comme si on y était mais bourré d'effets numériques, certains réussis (l'ourse, la chute) d'autres moins (le troupeau de bisons), un happening de DiCaprio mangeant cru poisson et viande de bison, glissant dans l'eau glacée...
Au cœur de cette mise en place ne laissant rien au hasard aucun espace ne semble réservé pour qu'on palpite, qu'on transpire avec le héros, qu'on se passionne pour l'histoire, finalement fort convenue, qu'on nous raconte. Et c'est bien le problème de ce cinéma totalement contrôlé dont la virtuosité est le sésame, un cinéma dépourvu d'émotions, aussi froid et vide qu'un spot publicitaire.
On ne peut cependant pas dire qu'on s'ennuie. Le film avance lentement mais avance. Certaines scènes sont réussies, DiCaprio donne de sa personne, tout le monde y va dans un esprit corporate. Si la caméra en fait souvent trop (tours sur elle-même, bougeotte régulière), elle reste supportable. La partition de Sakamoto est belle. Tout n'est pas mauvais, mais tout n'est pas bon.
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le 26 févr. 2016
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