Marche funèbre
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Sont quand même vaches à l'Académie des Oscars. Tenez, regardez le pauvre Leo. Le mec a joué un mégalomane germophobe, un faussaire magnifique, une bête de la finance défoncée 24/7, un esclavagiste sanguinaire... Mais malgré ses efforts démesurés, ses pairs continuaient, année après année, à l'ignorer et à lui refuser ce trophée dont il estimait - à raison, sans doute - qu'il lui revenait de droit. Mais bon, même les plus persévérants ont leurs limites. Du coup, paf, déprime. Lassé du Xanax et des pots de Haagen Dasz, Leo part en retraite dans le Nord, fait son retour à la nature, va voir ailleurs s'il y est. Grand bien lui en a pris. Quand on y réfléchit, c'était pourtant évident : il suffisait de se faire à moitié bouffer par un ours, de ramper des heures dans la neige, de se faire traîner par des rapides, de se jeter la tête la première du haut d'un précipice et de se transformer en répertoire vivant de toutes les infections connues à ce jour. Au bout du périple, l'Académie lui offre, at last, l'ultime honneur d'un Oscar. Ca y est, Leonaro DiCaprio est enfin l'égal de Jean Dujardin.
Bon, sinon, les Oscars c'est un peu comme la vengeance, ça sert à rien, mais dans les deux cas Leo ne le comprend qu'à la fin. En tant que spectateur, on fait un peu le même constat sur le film. The Revenant est plus un film de réalisateur qu'un film de scénariste. Y'a pas à dire, le Mexicain offre un spectacle ahurissant, une atmosphère furieuse et sauvage, mi-western, mi-film de survie, mi-film de congélation, une débauche de violence primale magnifiée par des images froides et crépusculaires dans le plus pur style Iñarritu. Mais s'il met rapidement en boîte deux scènes d'anthologie, son film se fait vite rattraper par l'aridité d'un scénario finalement très mince, qui n'apportera absolument rien au cinéma de vengeance. Pire, l'expérience passe de fascinante à éprouvante, surtout quand on commence à comprendre qu'on aura droit au dénouement classique et dénué de substance que l'on pressentait dès le départ.
Non, si (si) on se souvient de The Revenant dans 10 ans, ce sera avant tout pour sa maturité esthétique et ses instants de rudesse extrême aux côtés d'un DiCaprio royal.
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Créée
le 29 févr. 2016
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