The Revenant par Pipock

Quel spectacle !
On a jamais vu un film comme ça. Ces décors magnifiques, cette caméra collée à la figure des personnages jusqu'à la déformation, ces plan-sequences de malade pour lesquels je me demande encore comment il a fait, ces irruptions de violence bien hard... Une sacrée expérience qui nous prend à la gorge de la première à la dernière minute.

J'ai bien du mal à comprendre certaines critiques sur la mise en scène. L'impression que certains, dans une volonté de condamner un réalisateur certes peu sympathique, vont aller confondre virtuosité et pose.
Et autant je trouve la réalisation brillante de Birdman complètement en décalage avec la connerie de son script, autant je trouve celle de The Revenant au service de la narration.

J'emploie ce terme de narration qui me permet d'embrayer sur les quelques réserves que j'ai à l'égard du film. Certes on est immergé comme rarement au cinéma mais l'immersion se fait davantage scène par scène que sur un ensemble homogène. Je ne suis pas rentré complètement dans l'histoire, la faute à des personnages peu intéressants et un script un peu ronflant. J'ai été happé par des séquences indépendantes les unes des autres sans retrouver la puissance évocatrice du Territoire des Loups pour rester dans le survival enneigé ou le roller coaster endiablé de Gravity.
On dit souvent qu'Iñarritu en fait trop, ici le trop se retrouve dans les séquences oniriques. En effet je les ai trouvées en décalage total avec la volonté de coller au cul du personnage et la narration en quasi temps réel.

Malgré ces réserves, j'ai pris un plaisir fou devant The Revenant. Iñarritu est allé au bout d'un projet hardcore, violent et visceral (The Revenant est tout sauf un "film à Oscar") et offre un vrai gros morceau de cinéma comme on voit que trop rarement.
DiCaprio n'a pas volé sa statuette même si personnellement ça fait déjà quelques films que je la lui aurais donnée.

À voir incontestablement malgré les quelques défauts.