Alors que la première bande-annonce diffusée en 2015 m'avait donné envie de voir ce film, je me suis peu à peu posé des questions quant à la qualité théorique de ce dernier. En effet, la multi-nomination du dernier Inarritu aux Academy Awards (preuves de tout sauf de qualité, selon moi) a été l'élément déclencheur: après avoir vu une certaine arrogance dans Birdman (que j'ai tout de même apprécié, notamment grâce à un grand Michael Keaton), The Revenant allait sans doute être dans la continuité 'technique' de son film précédent, mais était-ce une bonne chose?
Vraisemblablement, non. Ayant lu quelques réactions dans plusieurs débats portant sur The Revenant (critikat, comme toujours, a pondu une analyse excellente), l'envie m'a totalement quitté. C'est à vrai dire par simple curiosité que je suis donc allé le voir, me demandant jusqu'où l'ego du nouveau grand Mexicain irait. Et toutes mes peurs se sont avéré vraies.


L'influence (trop) évidente d'un des meilleurs films de tous les temps, Le Nouveau Monde (Terrence Malick), est la première erreur. Alors que notre cher Texan a toujours démontré un symbolisme et un lyrisme teintés de foi (pas forcément religieuse) dans ces films en les traduisant par une mise en scène atmosphérique et virevoltante et un amour certain de la nature, Inarritu utilise les mêmes procédés (notamment parce que Emmanuel Lubezki est aussi à la photographie) mais sans le talent! Le premier plan (après l'intro) sur le ruisseau est donc beau, évidemment, mais est à l'image du reste: toujours dans le superficiel, la mise en scène ne cherche que des beaux plans sans aucune raison ou symbolique derrière. Pourquoi faire apparaître l'astre diurne ici et là, sinon que pour faire croire que Inarritu veut montrer qu'il est "libre" et maîtrise son objectif parfaitement?
Chez Malick, les rayons du soleil participaient de cette nouvelle expérience de John Smith, ce dernier ayant quitté ses compatriotes pour une vie plus "réelle" et en harmonie avec l'environnement. Chez Inarritu, ce n'est que du showing off. Rien de plus. Car jamais il ne sera démontré pourquoi le réalisateur a axé une partie de sa mise en scène sur tous ces plans de la nature, sans d'ailleurs les lier aux (affreux) nombreux plans rapprochés des visages des voyageurs. N'arrivant pas à établir une connexion entre des plans léchés et longs censés montrer la nature dans toute sa beauté et les autres centrés sur les personnages et leurs visages, Inarritu montre donc qu'il ne sait pas ce qu'il fait. Ou pire, il sait très bien où sont ses limites mais prend le public pour des cons.


Ensuite, l'autre gros problème sont les personnages. Chacun ne parlant pas beaucoup (contrairement à Birdman, axé sur le dialogue et la conversation constants), Inarritu oublie de leur donner de l'épaisseur. Il n'est pas nécessaire qu'ils parlent beaucoup pour cela, mais leurs actes n'aident pas non plus. DiCaprio n'existe qu'à travers le sentiment de vengeance qui l'anime, Hardy continue (après Legend) à être un cliché de ce qu'il a été (très bon dans Des Hommes sans Lois ou Bronson) en brute pure, et les autres ne méritent même pas d'être mentionnés tellement ils sont invisibles. Il en devient difficile (impossible, pour ma part) de s'identifier au héros et son destin tragique (son fils meurt mais on s'en fout), censé (encore!) rappeler celui de John Smith et Pocahantas dans le film de Malick. Donc, c'est avec un ennui grandissant que l'on suit cette histoire de vengeance violente, qui se finit par un combat entre les deux protagonistes principaux, pendant lequel on se demande si on veut vraiment que le "méchant" meurt et le "gentil" réussisse. En fait, peu importe. Et vu qu'Inarritu ne va même pas plus loin que montrer à quel point son héros est censé être détruit donc doit absolument se venger, le dernier plan montre toute l'étendue du vide de son film: et alors? DiCaprio a réussi à faire ce qu'il voulait (2h à suivre cette histoire si prévisible!), mais ça change quoi? Rien.


On ne ressent donc rien du tout dans ce film, à part l'ennui bien sûr, et beaucoup d'irrespect pour une des plus grandes arnaques du cinéma moderne. Après Zack Snyder et son affreux Man of Steel, voici un autre "cinéaste" qui croit que faire des beaux plans suffit. Bah, non. Allez donc regarder les bons Malick, les Kore-eda ou les James Gray, mais surtout, arrêtez de faire des films!

Elvisant
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le 17 mars 2016

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小汤 Elvisant

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