Les plaines du Dakota du sud. Arides, à perte de vue, des ciels à couper le souffle. C'est ici, au milieu de nulle part, que vit Brady, jeune cow boy et espoir du rodéo, qu'un accident oblige à renoncer à sa passion. Les jours et les nuits s'égrènent et s'étirent au rythme d'une nature grandiose où l'homme parle plus souvent à son cheval qu'à ses voisins. Dans cette Amérique des marges, on gagne sa vie en travaillant au seul supermarché du coin, on claque ses maigres économies au bandit manchot, on va boire des bières au pub local où les écrans diffusent des rodéos, encore et toujours. On achète et on vend des chevaux comme d'autres des pick up. Brady rêve cheval, vit cheval, parle cheval. Il tient ça de ses parents, mais aussi de son meilleur ami et mentor, ex-champion de rodéo cloué dans un fauteuil roulant.
La caméra de Chloé Zhao, jeune cinéaste surdouée, dépeint ce monde à part dans une magistrale leçon de cinéma. Quelques cow boys font défiler leurs souvenirs autour d'un feu de camp, Brady fait revivre à son ami handicapé les frissons du rodéo, des chevauchées dans ces paysages sans fin, la maîtrise d'un jeune cheval encore sauvage: autant de scènes d'une beauté époustouflante. The Rider n'est pas un western même s'il lui arrive d'en emprunter les codes. C'est un film humaniste, le regard bienveillant posé sur un monde oublié, entre fiction et documentaire, porté par des acteurs amateurs qui jouent leur propre rôle. Un film inoubliable.