Riot Club se rêvait surement comme une plongée dans l'envers du décor des grandes écoles anglaises, ou encore en une grande dénonciation du pouvoir abject du vilain n'argent, celui qu'on lance à la gueule de son semblable pour l'humilier, en forme de doigt d'honneur ou de condescendance.
Riot Club s'envisageait à coup sûr comme un film coup de poing, comme porteur d'un message à portée universelle.
Il ne sera finalement, dans une contradiction involontaire qui laisse pantois, qu'une célébration timide et molle de ce qu'il dénonce. En mettant en scène tout d'abord, de manière complaisante, un casting bof de boys band mou. Tous identiques, détestables et répondant pour la plupart aux canons actuels de la beauté tendance minet.
Il enfile avec une constance, qui force une certaine forme de respect, les poncifs les plus bétas sur le fait que le capitalisme, c'est pas bien, qu'il représente une domination abjecte et que les petits cons qui en abusent sont des saletés. Voilà qui révolutionnera sans peine ma vision économico philosophique du monde qui m'entoure, c'est certain.
Et puis finalement, non. Le principal défaut de ce Riot Club, c'est d'être mou, mis en scène de manière quelconque, sans surprise. C'est de se perdre dans le manichéen ou dans des arcs narratifs confondant de simplisme, comme l'amourette neuneu inutile, ou archi attendus, comme l'évolution opposée des deux derniers arrivés au sein de ce cercle.
Le principal défaut de ce Riot Club, c'est de se traîner dans certaines longueurs et d'adopter en guise de climax une célébration du vain à filer la gerbe, ponctuée d'une scène de violence totalement gratuite et qui confine à l'abject. Etonnant, du reste, que ce film soit passé inaperçu sur cet aspect, alors que les tartuffes habituels et autres pères-la-vertu poussent des cris horrifiés systématiques devant chaque film de Gaspar Noé qu'ils s'infligent dans une sorte de masochisme qui pourra laisser songeur.
Et Riot Club, en guise de grand chelem des tares, se permet, comme ses personnages, d'être absolument vide et creux, tout en ne proposant aucune grille de lecture de son sujet. Il se contente ainsi de mollement mettre en scène les maux et les âmes dérisoires de pauvres petits riches malheureux parce qu'ils n'ont aucun repère et qu'on attend trop d'eux. Pourtant, dans une thématique similaire, Sofia Coppola sondait la jeunesse dans son rapport étrange avec la célébrité et les réseaux sociaux dans son Bling Ring. Côté français, Kim Chapiron exécutait, avec La Crème de la Crème, un véritable cour d'économie live tout aussi fascinant que désenchanté sur les sentiments qu'il mettait en scène...
Que l'on apprécie ces deux efforts ou non, ces derniers sont largement supérieurs à cet insignifiant Riot Club, qui tient plus de la dérisoire émeute de chiots de race que du brûlot rageur qu'on était légitimement en droit d'attendre.
Que ces petits cons retournent étudier, cela vaudra mieux...
Behind_the_Mask, Crimes à Oxford.