S'il y a bien un film pour qui l'adage "film culte" correspond parfaitement, c'est bien "The Rocky Horror Picture Show", adaptation de la comédie musicale du même nom créée par Richard O'Brien en 1973. Enorme flop à sa sortie, incompris par la presse et le public de l'époque, l'OFNI de Jim Sharman va acquérir au fil des ans un statut quasi-divin, hantant les cinémas quasiment tous les soirs depuis plus de trente ans dans une ambiance orgiaque, pour le plus grand plaisir de ses fans.
Hommage frappadingue à la contre-culture, à l'histoire américaine et surtout aux vieilles séries B d'antan, "The Rocky Horror Picture Show" est une de ces oeuvres inclassables que l'on vénère ou que l'on rejette, sarabande ultra kitsch et déjantée, cartoon live à la sexualité débordante et ode bariolée aux freaks en tous genres, à la liberté et à l'amour charnel.
Si le résultat est bordélique et un poil inférieur à l'autre film culte par excellence (à savoir "Phantom of the Paradise"), "The Rocky Horror Picture Show" compense ses faiblesses cinématographiques par une liberté de ton typique de l'époque, par une énergie juvénile rafraîchissante et bien entendu par la partition endiablée de Richard O'Brien, lyrics entraînantes et décalées chantées par un casting royal dont on retiendra surtout O'Brien lui-même, inoubliable en Riff-Raff, la débutante Susan Sarandon et surtout, l'immense, l'unique, l'incroyable Tim Curry. Tout à la fois effrayant, hilarant, puéril, touchant et même tragique, le comédien trouve son rôle le plus marquant avec celui du clown tueur de "Ca" et le Darkness de "Legend".
Folie furieuse pélliculée apte à vous illuminer la caboche même par temps de pluie, "The Rocky Horror Picture Show" est un véritable bienfait pour l'humanité, à prescrire sans aucune modération en cas de blues.