Il existe des navets qui, avec le bouche à oreille, parviennent contre toute attente, à devenir de véritables évènements cinématographiques. Tout a commencé en 2003 lorsqu'un inconnu du nom de Tommy Wiseau réalisa l'un des pires navets qui puisse exister à notre époque. Financé de sa poche à hauteur de 6 millions de dollars (4,5 millions d'euros), il cumule les casquettes de producteur, scénariste, réalisateur et interprète et parvient à enfanter une oeuvre dénuée de talent, exécrable et pourtant mémorable, car cette dernière a été réalisée avec passion et conviction. The Room (2003) est un nanar romantique, mettant en scène un homme d'une trentaine d'années (mais qui en paraît beaucoup plus), fou amoureux de sa fiancée avec qui il doit se marier. Seulement, Johnny doit faire face à sa dulcinée, Lisa, véritable nymphomane (et encore, le mot est faible !), qui décide sur un coup de tête de ne pas se marier et décide de fricoter avec le meilleur ami de son fiancé. Vous l'aurez compris, ce n'est pas une comédie mais plutôt un drame passionnel, sauf qu'en réalité, il n'en est rien, l'oeuvre en question est tellement mal écrite, mal réalisée et mal interprétée, qu'elle s'avère tout bonnement hilarante ! Tout le film n'est qu'un enchaînement continuel d'erreurs, que ce soit au niveau des interprétations ou des scènes qui s'enchaînent sans même avoir de raison (on n'en comprend même pas le sens), où alors, des personnages qui entrent dans le champs et qui en ressortent aussitôt, et ce, après seulement un bref échange (on y a droit systématiquement, essentiellement entre la mère et la fille). Mais là où Tommy Wiseau fait fort, très fort, c'est d'avoir voulu mettre toutes les dix minutes (uniquement dans la première partie), d'innombrables scènes de sexe, s'enchaînant à tour de bras et ce, sans raison valable (le réalisateur se permettra même de nous mettre à plusieurs reprises les mêmes images dans différentes parties du film). Autre élément mémorable, le personnage incarné par Philip Haldiman (Denny), censé jouer un adolescent, ce dernier ne parvient jamais à être crédible (et à être utile au film !). On pourra aussi signaler l'utilisation à outrance de stock-shot (uniquement des plans de la ville), censé combler un vide alors que le film en lui-même est déjà bien trop long ! Au final, on obtient ici une oeuvre incroyable, impensable et définitivement culte !
(critique rédigée en 2010)
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J'ai eu la chance de découvrir ce film dans un cinéma-club au fin fond d'une cave à Paris en 2010, puis de le revoir cette fois-ci au cinéma en 2013 (en présence de Tommy Wiseau & Gregory Sestero !) et le reREvoir au Grand Rex toujours en présence de Wiseau & Sestero en 2018. Quand on aime, on ne compte pas.