L'ange et la mort
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The Roving Swordsman est un wu xia pian tardif mis en scène par le maître incontesté du film de chevalerie à énigmes. Contrairement à la plupart des grands wu xia pian de Chu Yuan (Killer Clans, The Magic Blade, Clans Of Intrigue) celui-ci n’est pas inspiré de l’œuvre du romancier Gu Long. Néanmoins, on retrouve tous les ingrédients caractérisant l’œuvre de cette Alexandre Dumas chinois, dans un florilège de combats à l’épée excellemment chorégraphiés par Tang Chia.
Moins connu qu’un Liu Chia-Liang ou un Yuen Woo-Ping, Tang Chia fût un admirable chorégraphe, dont la carrière s’étendit sur plus de quarante ans. Du début des années 60, où il assista des réalisateurs du wu xia pian mandarin comme Wu Pang ou Law Chi, jusqu’à la fin des années 90. Il dirigea, avec Yuen Bun, les chorégraphies du Green Snake de Tsui Hark.
L’intrigue étant à la fois sommaire : une dualité entre deux clans, pour posséder l’ouvrage sensé imposer la suprématie du monde des arts-martiaux, et extrêmement complexe, on peut aisément s’y perdre… tellement riche de personnages et d’intrigues plus biscornues les unes que les autres.
Il est utile de savoir faire abstraction de son côté redondant, on connaît parfaitement le style des films de Chu Yuan, et ça peut sembler récursif dans sa manière de structurer ses œuvres, faites de rebondissements, de coups montés, et de joutes à l’épée entre personnages magnifiquement drapés dans des costumes colorés. Le réalisme est la plupart du temps mis de côté, les personnages se mettant à faire des bonds spectaculaires et à prendre leur envol, disparaissant et réapparaissant à veau-l'eau.
Le foisonnement de personnages, dans lequel on reconnaitra aisément Ti Lung, l’acteur fétiche du réalisateur, incarnant un épéiste chevronné dont le principal adversaire est une femme nommée « Voleur de Prune Rouge », mais également Ku Feng, le célèbre méchant des films de sabres de Chang Cheh, peut aisément perdre tout non initié au style du réalisateur. Si l’on parvient à entrer dans son univers et qu'on se laisse porter par les diverses complexités et intrigues à tiroir qui jalonnent son œuvre, un esthétisme très au-dessus de la moyenne, et une richesse stylistique de combats à l’épée parfaitement chorégraphiés, le pari est gagné!
Le petit bémol avec ce film, du fait qu’il soit un wu xia de fin de cycle, c’est que l’on à le sentiment de retrouver tous les ingrédients qui entrent en résonance avec ceux déjà présents dans ces œuvres renommées précédentes, ce qui donne un étrange sentiment de déjà vu et participe d’autant plus à la complexité de l’intrigue. Si je puis me permettre un petit conseil à ceux qui veulent découvrir l’œuvre de ce grand réalisateur, sachez faire abstraction de l’intrigue, et laisser vous porter par un esthétisme de pointe totalement mis au service d’une chorégraphie de très haut niveau. Le style Chu Yuan qui apporte au film d’épées ce que Sergio Leone donna au western, toutes proportions gardées bien sûr…, un style, une ambiance, une musicalité.
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le 29 janv. 2020
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