Tout le monde en parle, c'est l'électrochoc de l'année. Le film cumule à son avantage 2 points importants : c'est un film asiatique (et on sait que le moindre navet asiatique récolte des louanges dans nos latitudes occidentales parce que c'est exotique), et c'est un film qui repousse les quotas de violence en y rajoutant ce qui faisait le sel de Crossed : des déviances sexuelles au milieu d'orgies de violence. Oh, mais vous ne connaissez peut être pas Crossed...


Crossed est une série de BD reposant sur un concept simple mais efficace : une épidémie qui transforme les gens en psychopathes prédateurs sexuels. Un renouveau du mythe zombie qui va tellement plus loin dans l'horreur à visage humain (des pulsions sans aucune limite) que la saga a obtenu un statut culte et reste une référence en matière d'oeuvre extrême. Mais Crossed n'est pas qu'un répertoire d'abominations. Et c'est là que le bas blesse.


The sadness n'est pas une adaptation officielle de Crossed, mais elle en a toutes les caractéristiques. Des infectés, du sexe au milieu des carnage, des contaminations insidieuses, de gros chocs psychologiques, une amoralité constante, des contaminés qui ciblent des personnages et les poursuivent sans relâche, de la bave... Toutes les caractéristiques de la BD sont là. Mais pas le fond. The sadness n'est qu'un enième film de contamination avec un couple qui essaye de survivre et de se rassembler dans le chaos. Crossed, dans son premier arc, nous raconte la formation d'un groupe et son évolution au sein d'un monde devenu psychopathique. Pas pendant un jour comme le film, mais pendant des mois, des années, aussi longtemps qu'on peut vouloir vivre dans un pareil enfer. L'enjeu n'y était pas simplement de survivre, mais de rester humain. D'ailleurs, la dernière partie de cet arc consistait à revenir en arrière pour enterrer des morts. Absurde en pleine jungle d'infectés, mais si important pour notre stabilité émotionnelle. Ici, point d'émotions en dehors du choc de l'horreur sexualisée (la fin, un petit peu, le jeu peu subtil des acteurs asiatiques n'aidant pas à ressentir grand chose). Pour ma part, j'ai déjà digéré ce malaise avec les comics, donc le film ne m'a pas surpris, même si ses séquences sont toujours costaudes. Cela est à mettre à son crédit, il a su y mettre de l'intensité, en gardant ce qu'il faut de pudeur pour ne pas franchir le voyeurisme mais en suggérant l’innommable.


Une série B sans fond et sans originalité autre que son parti parti pris radical proche de l'extrême. C'est sûr, on ne s'endort pas. Mais à force de n'avoir aucune subtilité, on finit par se lasser de tout (y compris de cette importation de Metoo en contexte asiatique où tous les hommes finissent comme des violeurs). Il paraît que l'important dans un film, ce n'est pas l'histoire mais la façon de la raconter. La preuve que pas toujours.

Voracinéphile
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le 9 avr. 2022

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