D'une telle crudité dans le sujet, tous ce gore exposé. Difficile alors de lire tous l'irréel dans ce film, quand une grippe mute en rage incontrôlable et qu'elle donne lieu à cette partouze tranchante de l'année. Avec No Limit dans l'horreur, et des jeux sadiques qu'on croit finis, mais qui trouve toujours plus vicieux. Une pandémie qui nous rappelle quelque chose, toute proportion gardée, pour un cinéma qui devient parfois le miroir de notre réalité et qui offre un recul nécessaire à toutes nos questions. Mais malheureusement pas dans The Sadness du réalisateur Rob Jabbaz, qui nous propose plutôt une photographie bien trop perverse de notre monde, un lâcher prise et ces images à l'instinct animal. Une violence qui semble n'épargner personne et qui pousse chacun d'entre eux à ce désir compulsif de réaliser leurs fantasmes les plus horribles. Un scénario qui dérive vers ce délire loin d'une réflexion possible pour comprendre notre époque. Poussé d'un nihilisme gratuit et suivi d'une frénésie sauvage qui les entoure. De même, qu'il ne permet pas non plus cette critique à peine déguisée de la gestion du gouvernement face à la pandémie du Cov19. Ces discours souvent pessimistes, ou bien ces théoriciens du complot qui ont permis de mettre en lumière cet individualisme évident, que l'on voit notamment dans cette scène curieuse où Kat tend la main à cette fille dans le métro. Pendant que d'autres films l'immonde, et s'enfuit, ou encore cette façon surprenante de parler de l'inconnu, quelque chose que l'on ne connaît pas, ne sachant plus comment vivre pour des gens ordinaires.
L'extraordinaire se lit aussi dans ce décor de perdition, où coule une étrange rivière pleine de sang, où des gens courent le sourire et les yeux perdus dans ce cauchemar et ces ténèbres remplie de cris et de joie, cherchant à atteindre l'orgie malsaine et morbide, un sentiment de pure folie.
Ainsi ce film n'amène ni de délivre grand-chose de notre humanité. Ce regard affligé de Jim et Kat, un jeune couple qui pourtant s'aimaient, pensant peut-être se sentir épargnés du mal. Abandonnés dans un froid des plus cruels, cette lueur d'espoir qui s'éteint et leur histoire qui semble se terminer par un abandon, accueillant la mort et la défaite comme seule solution.
Alors oui, quelle tristesse, le titre est bien choisi. Malgré tout, on peut reconnaître à Rob Jabbaz une certaine maitrise du rythme dans l'anarchie qui règne, à mi-chemin entre vitesse et attente. Soulignant une idée forte et bien construite, avec un peu d'humour aussi, grâce à ces politiciens et militaires qui se plient à une séquence des plus caricaturales.