The Sadness est un film qui fait franchement du bien tant il fait mal. Premier film du réalisateur canadien Rob Jabbaz, tourné dans l'urgence en 28 jours , ce film venu de Taïwan ressuscite le cinéma gore rentre dedans des années 80 et l'esprit défunt de la fameuse catégorie III de Hong-Kong , théâtre de toutes les outrances. Et même si il ne raconte finalement pas grand chose et patine dans le sang lors de son climax, The Sadness est peut être ce que l'on a vu de plus excitant en matière d'horreur graphique depuis un bon moment.

The Sadness est une banale histoire de contamination qui transforme les personnes infectés en des monstres assoiffés de violence, de cruauté, de meurtres et de sexe . C'est dans ce contexte d'une pandémie ravageuse de violence que Jim va tenter de retrouver sa petite amie Kat au cœur du chaos.

Bien évidemment The Sadness n'est finalement rien de plus qu'un énième film de contamination de plus et ce n'est pas tant pour ce qu'il raconte que le film marquera les esprits que par la rage carnassière avec laquelle il mord et déchiquette son sujet. Car si le schéma narratif reste des plus classique, que le dernier acte semble un peu s'enliser avec l'apparition d'un personnage de médecin cinglé moyennement convaincant et que l'histoire d'amour qui tient vaguement le récit debout manque de profondeur et d'émotion, The Sadness est un film qui offre un peu plus que son tout premier niveau de lecture. Le film porte ainsi un regard acerbe, clinique et désespéré sur la société en parvenant à inclure sans forcer démesurément les choses quelques préoccupations dans l'air du temps comme le déni scientifique à l'air du complotisme, la turbulence Covid, la dépendance aux supports numériques, l'individualisme et le monde post # Mee too. The Sadness n'y va pas de main morte dans la description désabusé du chacun pour soit et des pulsions de survies dans un monde merveilleux d'individualisme dans lequel l'un des premiers reflex lorsque l'on assiste à un meurtre est de le filmer avec son smartphone. Il suffit de regarder ces gens qui se crachent dessus et se battent pour un litre d'essence, se souvenir des razzias sur le papier toilette et l'huile de tournesol pour désespérer de l'humanité et imaginer toute l'horreur un monde dans lequel un virus comme celui du film viendrait totalement désinhiber et même encourager les pulsions meurtrières et sexuelles de nos gentils concitoyens. Le carnage aussi outrancier soit il que propose The Sadness serait alors sans doute encore un poil en dessous de cette hypothétique réalité. Je rêve du jour ou l'on annoncera des pénuries d'intelligence et d'humanité incitant les gens à refaire du stock plus que de raison. The Sadness porte aussi un regard assez pertinent et amusant sur les répercutions de la déflagration mondiale #Mee Too avec un vieux monsieur très poli et tout mignon qui discute avec l'héroïne du film dans un train, laquelle le menace presque illico et à son grand désarroi de porter plainte pour harcèlement sexuel. Si le vieillard regrettera ce monde dans lequel on ne pourra maintenant plus parler aux femmes sans être accusé de mauvaises intentions , il se révélera vite une fois contaminé être un vieux vicelards pervers aux intentions bien moins recommandables, comme si toutes nos pulsions sexuelles et libidineuses étaient finalement dissimulées sous un vernis de simple bonne éducation. Alors certes The Sadness ne raconte pas grand chose , mais le film est bien assez mordant et pertinent dans son sous texte pour se démarquer de l'étalage purement gratuit de violence.

Après tout ce qui fait le sel, ou plutôt le piment de The Sadness, reste incontestablement sa violence graphique, ses outrances sexuelles mal polies, ses débordements gorissime et sa folie furieuse. Le film de Rob Jabbaz rentre très vite dans le lard de son sujet pour nous proposer un voyage sans retour au pays des outrages et des outrances. Car si niveau gore on pourra toujours trouver quelques lointaines équivalence, le petit plus du film c'est qu'il inclus une dimension sexuelle explicite assez rarement exploitée de façon aussi frontale dans le cinéma d'horreur. The Sadness nous propose des séquences assez hallucinantes comme une partouze gluante dans une marre de sang qui rappelle à nos bon souvenir le Society de Brian Yuzna , le viol d'un homme dans le métro ou plus extrême encore

le viol d'une cavité oculaire (d'ou l'expression va te faire oculer !!).

Niveau gore le film est d'autant plus jouissif que plus de 90% des effets spéciaux n'ont pas recours au numérique et franchement ça donne une patine et une texture sans commune mesure à l’horreur proposé. Cannibalisme, tête réduite en bouilli à coup d'extincteur, gerbes de sang, tripes à l'air, visage arraché, doigts sectionnés à la cisaille, nez arraché d'un coup de dents le film est une pure boucherie teintée d'un sentiment de folie permanent qui fait que l'on reste dans l'inconfort qu'avec un tel film TOUT est possible même si certaines scènes extrêmes semblent être restées sur la table de montage. Le film est également teinté d'une couche d'humour noir pas négligeable à l'image de ce vieux cochon poursuivant inlassablement l'héroïne en version Terminator libidineux avec l'aiguille de son entre jambe en guise de boussole.

Fatalemlent réservé à un public averi , The sadness est un film gore et outrancier qui ne s'excuse jamais de l'être. Le film nous rappelle aussi que les pires pulsions de notre humanité malade sommeillent au plus profond de nous. Si certains virus ont eu une certaine tendance à réveiller la connerie humaine, prions pour que jamais une épidémie ne réveille nos pulsions animales.

freddyK
7

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le 4 nov. 2023

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Freddy K

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