Michel Hazanavicius («The Artist», «Oss 117») reprend en partie le scénario de «Anges marqués» réalisé par Fred Zimmerman en 1948 pour les besoins de son nouveau film «The Search». Nous sommes en 1999, la Russie vient de subir un grand nombre d’attentats meurtriers. Pour le gouvernement de Boris Eltsine, aucun doute possible sur la culpabilité des indépendantistes tchétchènes. Dès lors, le président russe donne les pleins pouvoirs à son jeune poulain et premier ministre, un certain Vladimir Poutine pour mettre fin aux agissements terroristes. Le 1er octobre 1999, l’armée russe envahit pour la deuxième fois la Tchétchénie mais cette fois-ci, les médias du monde entier seront muselés et interdits. Vendue aux Occidentaux et au peuple russe comme une opération anti-terroriste, la Tchétchénie va devenir le théâtre de massacres et d’épurations abominables mais aussi un bourbier sans nom pour l’armée russe qui perdra plus de 20.000 hommes, (on assiste aux balais incessants d’hélicoptères ramenant les corps des soldats morts au combat). Après un prologue glaçant, Hazanavicius va recentrer son propos sur quatre personnages principaux. Une façon plus intimiste d’aborder le conflit. Nous allons suivre le parcours du jeune Hadji, 9 ans (exceptionnel Abdul Khalim Mamutsiev) errant sur les routes avec son petit frère, un bébé de quelques mois. Nous croiserons Raïssa, grande sœur d’Hadji recherchant désespérément ses frères. Le destin amènera Hadji jusqu’en Ingouchie, province autonome où sont accueillis les réfugiés, là, il fera la connaissance de Carole (Bérénice Bejo), jeune Française travaillant pour la commission des droits de l’Homme au sein de l’Union Européenne. Enfin Hazanavicius tracera le portrait de Kolia, jeune russe de 19 ans enrôlé de force dans l’armée et endoctriné, (le chapitre de la caserne est inouï). Quatre destins croisés avec la jeunesse et l’innocence en pont de mire. Une jeunesse brisée pour trois d’entre eux. Carole quant à elle verra s’envoler son idéal de justice lors d’un compte rendu auprès d’émissaires européens n’ayant que faire de ses mises en gardes, (au-delà de la violence filmée par Hazanavicius, peut-être la scène la plus choquante du film). Hazanavicius essaye simplement de redonner la vue à un Occident aveuglé par les intérêts financiers faisant de vies humaines des quantités négligeables. «The Search» est un film humaniste qui évite l’écueil du manichéisme et qui concentre toute la souffrance d’un peuple dans les grands yeux innocents d’un martyr de 9 ans.