Chemins opposés, destins croisés
Après avoir "réhabilité" le cinéma muet de Charlie Chaplin, Michel Hazanavicius s'attaque à la seconde Guerre de Tchétchénie, peu connu et pas enseigné en France. Il ne veut bien entendu pas la réhabiliter, ce qui n'est pas le bon adjectif, mais la dévoiler, la dénoncer aux yeux de tous. On sent une réelle colère voire haine du réalisateur pour le peu d'importance apporté aux européens pour ce conflit qui est plus qu'un conflit mais bien une guerre armée. D'ailleurs, Michel Hazanavicius, insiste sur cet aspect tout au long du film, notamment lors de la scène où Bérénice Béjo (Carole) tient son discours devant une assemblée insignifiante et pas concerné.
Le réalisateur nous fait découvrir une guerre inconnue (personnellement je ne la connaissais pas) ce qui explique son format, environ 2h10, il veut nous en montrer le plus possible. Une guerre oppose toujours deux clans, camps, pays, religions, civilisations avec chacun de leur côté des victimes de manière direct ou indirect. C'est pour cela que ce film est coupé en deux : d'un côté, l'histoire d'un garçon tchétchéne âgé de neuf ans, orphelin et qui cherche à survivre dans cet enfer, de l'autre, un jeune homme russe de dix neuf ans, enrôlés malgré lui dans l'armée pour combattre. Cela nous offre un visage global de cette guerre, les victimes des deux côtés sont bien représentées.
Le film possède donc deux intrigues, bien ficelés. Hadji, le petit tchétchéne, nous bouleverse complètement et Nicolaï, le russe, nous crée un sentiment de peine.Cependant, le film souffre d'un certaine dépendance au petit Hadji. En effet, de par la force du personnage et ce qu'il nous fait ressentir, on vient à ne s'intéresser presque qu'à son histoire; l'histoire du militaire devient secondaire.
On pourrait croire que tout oppose ces deux personnages, l'un russe l'autre tchétchéne, sauf que justement il se ressemble. En effet, il possède un gabarit similaire, la coupe de cheveux est la même. Il marche tout les deux avec les mains dans les poches, avec un peu de nonchalance. Le réalisateur a surement voulu renforcer la ressemblance de leurs destins, victime tout les deux de la guerre, par exemple la scène où Hadji se fait prendre son bonnet et où l'on aperçoit pour la première fois ses cheveux est suivi par la scène où Nicolai, se fait couper les cheveux par l'armée. Le twist final renforce le lien entre les deux personnages.
Enfin, tout ça pour dire, que le cinéma français a besoin de film de cette qualité cinématographique mais surtout cette multitude de sentiments dégagés. C'est un film poignant traitant d'un conflit inconnu et atroce. Hazanavicius a réussi son pari : faire connaître la seconde guerre de Tchétchénie.