Conscient que son avenir sur le sol français est plus que ténu, Pascal Laugier migre vers le Canada pour mettre en scène son nouveau film, plus accessible que la bombe "Martyrs" mais tout aussi ambigü, ce nouvel effort étant vendu à tort comme un film d'horreur, ce qu'il n'est aucunement.
Laugier délaisse donc l'aspect rentre-dedans et viscéral de son précédent film pour une ambiance plus insidueuse, posant son histoire dans une bourgade paumée digne d'un roman de Stephen King. Comme le célèbre écrivain, le metteur en scène prend son temps afin de construire son récit, de décrire une petite ville oubliée de la grande Amérique où l'avenir envisagé n'est pas franchement joyeux, et d'y instaurer un fantastique discret, plus proche de celui des 70's que celui, plus outrancier, des décennies suivantes.
Collant dans un premier temps aux basques d'une jeune mère merveilleusement campée par Jessica Biel, qui prouve qu'elle peut-être une très bonne comédienne si on lui en donne les moyens, Laugier installe une atmosphère intriguante, proche du mythique jeu "Silent Hill", convoquant l'univers cruel du conte, avant de faire basculer son récit avec une efficacité redoutable.
Et le film de trouille attendu de se transformer en réflexion fascinante et pertinente sur la frontière infiniment mince entre le bien et le mal, jouant magistralement avec la notion de point de vue et surtout, intérrogeant le spectateur sur sa propre morale, tout en ne jugeant à aucun moment les actes des personnages.
S'il n'est pas aussi définitif et marquant que "Martyrs", "The Tall Man" (titre bien plus mystérieux que "The secret") est une oeuvre remarquable qui change agréablement de la production actuelle, mise en scène avec une véritable maitrise par un Pascal Laugier qui a décidément tout d'un grand.