Avec The Tall Man, nous sommes plus dans le thriller que dans le film d'épouvante, et les amateurs de frissons risquent d'être déçus.
Ceci dit, cela n'en fait pas un mauvais film pour autant, bien au contraire.
L'ambiance est bien plantée dès le début : une petite bourgade miséreuse et terne au milieu de nul part, sur laquelle la misère s'est doublement abattu : d'abord la misère financière (et donc par conséquent la misère sociale), et une dramatique série de kidnapping. Pour ma part, avec un gamin dans mon foyer, j'aurai mis les voiles depuis longtemps, mais passons : le décor est planté et c'est le principal.
La musique de Todd Bryanton colle bien au monde austère et sombre que film Laugier et va bien avec le côté thriller du film, rien à redire à ce niveau là non plus.
En ce qui concerne Jessica Biel, elle est ici pour moi une agréable surprise. Je craignais un peu de voir une héroïne sexy et niaise, interprété par une actrice moyenne, mais de fait, Biel se débrouille très bien dans ce rôle de femme torturée et légèrement psychotique sur les bords. Elle ne fait pas dans le clinquant, ne joue pas la bimbo, et fait même preuve d'une grande sensibilité qui contribue notamment au fait que l'on se fasse balader sur la première partie du film (car oui, le personnage éprouve bien ces sentiments d'amour, de desespoir , même si ce n'est pas pour les raisons que l'on croit).
En ce qui concerne le scénario, pour ma part je l'ai trouvé fort sympathique. Un sujet grave traité de manière originale. Le film commence gentiment comme un film d'horreur et l'on s'attend à ce que la gentille infirmière se retrouve confrontée au Tall Man, à la douleur, à des courses poursuites etc. Puis l'on s'attend à ce qu'elle se face kidnapper à son tour par le shériff ou les villageois...
Et puis les choses changent. Et là, on se dit : kesako ? Mais qu'est ce que c'est que cette histoire ? Qui a raison, qui à tort ? Qui est gentil, qui est méchant ?
Et ca, j'aime beaucoup. Car du coup, on se met à chercher des indices par ci par là.
(Attention, PETIT SPOILER)
Tiens, pourquoi il y a des photos du mariage, des voyages, et pas de bébé et du fils grandissant dans une maison si pleine d'amour ? Et puis c'est vrai ca, pourquoi y a t il des barreaux aux fenêtres ? Et puis pourquoi ces deux femmes ne veulent absolument pas que le gamin regarde la TV ? Et puis ce mari, comment cela se fait il que Mme Denning ne connaisse pas la date de sa mort ? En général, c'est un truc qui marque ca... On se doutait bien que ce cher docteur y était pour quelque chose, mais là, on en devient de plus en plus sûr.
(Fin du SPOILER)
Enfin bref, on se met à réfléchir, à faire attention aux détails, et cela stimule quand même plus que d'être simple spectateur se laissant balader pendant un film d'horreur où l'on se contente de suivre la-les victime(s).
Mon petit regret toutefois, c'est que Stephen McHattie et William B. Davis (Cancer Man pour les Xfilesiens) n'aient pas plus d'importance. Il y avait là peut être quelques pistes à creuser avec l'un ou l'autre des deux acteurs pour semer davantage le doute (notamment au moment ou Dodd ramène notre pauvre maman désespérée au restaurant (ouvert, comme de par hasard, et plein de monde, comme de par hasard bis) ou enrichir un peu plus l'histoire.
Pour ce qui est du final, je l'ai trouvé intéressant et il apporte une réflexion qui est plutôt bien pensée et qui évite au film de se terminer en queue de poisson.
PETIT SPOILER
Ceci dit, 2 mois, je trouve cela un peu short pour que soudainement notre petite muette se remette soudainement à parler et à laisser exprimer son art si librement, même si ce changement de vie est un choix de sa part et que cela ne l'empêche pas de ne rien oublier et de se poser des questions.
De même, on trouvera probablement un peu gros que les deux gamins (probablement plus ?) soient relogé à Seattle, qui visiblement n'est pas bien loin de leur ville d'origine...Mais visiblement, les gens de Seattle n'ont jamais vu les infos relatant les kidnappings se passant à quelques heures de route de chez eux.
FIN DU SPOILER
Au final donc, un bon petit thriller qui, même s'il recèle quelques incohérences mineures, n'est franchement pas désagréable à voir et maintient de la tension dans sa première partie et de l'empressement à comprendre le pourquoi du comment dans la seconde. Une bonne surprise considérant que Laugier est quand même le réalisateur de Saint Ange, qui m'avait franchement ennuyé-déplu-gavé.
A noter cependant : Pourquoi changer le titre en VO (The Tall Man) par un titre pour la VF en anglais (The Secret) ??? Ce genre de procédé me sciera toujours... D'autant plus qu'ici le titre pour les français peut nous mettre sur la piste...