Une jeune infirmière sourde, morose et asociale, s’en va soigner un grand brulé sur une plate forme pétrolière en pleine mer. Peu à peu, elle s’ouvrira au contact de la souffrance de son patient et des autres employés, isolés au milieu des vagues.
Très beau film intimiste, sur fond de jazz doux et vivifiant. Son présent notamment de jolies scènes de solitude et d’isolement des quelques personnes réunis sur cet ilot métallique perdu dans l’infinité de l’océan. La relation difficile au début entre la jeune infirmière Hanna (Sarah Polley) et le brulé Josef (Tim Robbins) va timidement se cristalliser en amitié profonde grâce à l’esprit malicieux et désinvolte, voire cynique, que ce dernier déploie afin de masquer son supplice. Ainsi, d’un mot après l’autre, de douloureux souvenirs seront révélés pour chacun… Le jeu des acteurs est finement interprété ; mention spéciale pour Sarah Polley qui exprime, avec grâce et sobriété, le mélange de timide fragilité et de tension irritable lié à son handicap et à son histoire, dont on découvrira la source d’un drame effroyable. Enfin, des scènes illustrent bien sûr les tranches de vie du personnel de la plate forme pétrolière, avec chacun leurs histoires et leurs fardeaux ; et des plaisirs simples et fugaces y émanent alors ponctuellement comme de petites soupapes de décompression…
Ce long métrage illustre, entre autres, le pouvoir de la douleur, moteur d’une intimité où les plus sombres secrets du passé se délient à travers de simples mots et de discrètes attentions… Film dramatique et romance ténue où deux personnages, au travers de rapports quasi fusionnels, vont se libérer mutuellement de leur passé pour vivre enfin leur présent…