Le transporteur au pays du pangolin pas frais.Stratton,anglais expatrié en Chine,est un agent de sécurité qui achemine des oeuvres d'art hors de prix.Mais des fâcheux viennent foutre en l'air son business en braquant ses transports,ce qui a le don d'énerver le monsieur.Disons-le tout net,ce film est une divine surprise,le chef-d'oeuvre inattendu que tout cinéphile sérieux se doit d'avoir vu et intégré à son classement des meilleures bobines.Ce qui frappe d'emblée,c'est le soin apporté à la vraisemblance de l'histoire,ce souci maniaque du détail juste à la limite du documentaire.Plus logique et authentique,on ne voit guère que le résultat d'une élection américaine ou l'annonce d'une Gay Pride à Téhéran,voire le pronostic de la victoire du redoutable onze de Saint-Marin à la prochaine Coupe du Monde de foot.On remarque aussi le rythme effréné du film qui ne trouve d'équivalent que dans les parties de petits chevaux déchaînées du mercredi après-midi à l'EHPAD du Joyeux Coronaviré.Mais les auteurs,d'une exigence insatiable,ne s'arrêtent pas là et n'hésitent pas à mettre en avant une violence inouïe.Il faut au moins pour voir une pareille chose remonter à cette terrible rixe de 1962 opposant dans la cour de l'école lors d'une récréation les jeunes Valérie et Muriel qui étaient allées jusqu'à se tirer les cheveux,traumatisant ainsi durablement toute la classe de CM1.Bien sûr,tout ceci est savamment chorégraphié,presque aussi finement que ces fameuses bagarres d'ivrognes qui firent autrefois les belles soirées du samedi au bal de Pezou.Du reste,les scènes d'action sont ici particulièrement à l'honneur,dans le plus pur style des aventures de Oui-Oui,les cascades automobiles faisant clairement référence,souvenons-nous que nous sommes en Chine,à l'incontournable "Oui-Oui et la voiture jaune".Enid Blyton est du reste clairement une source d'inspiration pour les auteurs,le héros et sa fine équipe évoquant immanquablement la terrible bande du Club des Cinq.Les méchants,quant à eux,sont si effrayants qu'ils rappellent forcément les épisodes les plus choquants de "Chapi Chapo".Mais l'humour n'a pas été négligé et les bonnes vannes fusent,d'une subtilité qu'on n'avait pas connue depuis l'irrésistible punchline de Göring s'adressant à un rescapé du gazage:"comment vas-tu yau de poële?".L'intelligence du propos est incontestable,ce qui occasionne des dialogues regorgeant d'aphorismes dignes des plus grands penseurs,tel Johnny Hallyday déclarant après une étape du Paris-Dakar "si on était arrivés deux heures plus tôt,on serait là depuis deux heures".Pour finir,impossible de passer sous silence la performance d'un Orlando Bloom peroxydé,toujours l'allusion au jaune asiatique,qui égale presque le niveau des plus grandes heures d'Alvaro Vitali dans les comédies de Luciano Martino.