The Social Network par HarmonySly
Après Zodiac et Benjamin Button, Fincher semble enfin avoir trouvé son "grand" film qui le mènera sur la route des Oscars. Son secret, ne pas faire du Fincher, mais au contraire s'effacer au profit des monstrueuses forces créatives à l'oeuvre elles aussi sur le long-métrage: Aaron Sorkin fabuleux de précision et de cisèlement dans son écriture, Trent Reznor et Atticus Ross habillant parfaitement l'image de leurs sonorités cybernético-organiques, Baxter et Wall (monteurs attitrés de Fincher depuis Panic Room), et surtout le trio d'acteurs de tête.
Justin Timberlake confirme un certaine justesse de jeu, loin de l'étiquette "chanteur à succès passé (mauvais) acteur" qu'il serait facile de lui coller, Jesse Eisenberg impressionne véritablement, même en jouant encore une fois un nerd, mais en insufflant un caractère sociopathe parfaitement juste à son personnage (comme beaucoup de personnages dans le film, le spectateur se prend de fascination pour ce Zuckerberg hautement détestable). Enfin Andrew Garfield, mon chouchou depuis Boy A, explose complètement. Ce mec irradie la pellicule par son magnétisme de gars un peu paumé, à tel point d'ailleurs que l'on pourrait envisager The Social Network comme un film sur Eduardo Saverin avant d'être un film sur Mark Zuckerberg. L'histoire d'un homme qui est là sans être là, ou plutôt qui n'est jamais vraiment là, jamais aux bons moments.
The Social Network n'est pas un film sur FaceBook, pas plus sur son créateur, c'est avant tout une peinture de société portée par l'histoire de trois hommes qui n'ont a priori rien en commun. C'est sur ce point que ressurgit bruyamment le génie de Fincher, car passer des heures à décrire les sociétés humaines façon pointillisme, il sait foutrement y faire le bonhomme, c'est même l'un des meilleurs dans son genre. Á la différence de ses précédentes réalisations, il apprend ici à s'effacer au bon moment, en laissant chacune des personnalités s'exprimer, mais reste toujours dans les environs, imprimant son fantôme sur la pellicule.
Un travail de réalisation parfait sur le papier, où Fincher renoue avec le succès de Zodiac: un film long, lent, mais parfaitement fascinant, pratiquement hypnotique même, que l'on n'hésitera pas à revoir plusieurs fois, quitte à s'assoupir devant.