J'ose planter là mon avis et vous laisse chatouiller le dislike si le cœur vous en dit, si vous n'avez pas la patience de lire jusqu'au bout. Je suis bien obligé de préciser cela face à l'effervescence notable concernant ce film qui, il ne faudrait pas l'oublier, a reçu la Palme d'or au Festival de Cannes.
Sujet sensible que l'Art, rien de nouveau à cela. L'Art est quelque de chose de subjectif comme tout un chacun sait. L'Homme donne à la matière le terme de belle, d'intéressante ou de fascinante, parlant parfois de chef d'œuvre absolu. L'Art fait également réfléchir, réfléchir sur nous, sur notre place dans ce monde et j'en passe et des meilleurs. Bref, l'Art est ce qui assoit le règne d'une civilisation et c'est bien "d'Art" qu'on nous parle ici.
The Square évoque la vie d'un directeur de musée dont la charge présente va être d'accueillir une exposition d'art contemporain. L'élément principal de cette dernière tourne alors autour de l'entraide avec l'idée de placer un espace de 4 mètres sur 4 dans lequel tous les hommes sont égaux en droits. Vous voilà informés.
Dans The Square, je ne peux pas vraiment dire que j'y ai vu de l'Art. L'Art contemporain, en plus de très souvent me rendre hermétique à son délire, m'énerve. Il m'énerve car il se gargarise d'une soit disante intelligence lorsqu'il ne va s'agir que d'un concept bateau rendu méconnaissable par l'ajout de bizarreries inutiles.
The Square est le symptôme de cet Art. Quand bien même le ton se voudrait ironique sur bien des aspects, le film est excluant pour aucune raison valable. La critique sociale basée sur le fait que plus personne ne s'entraide, basée sur le fait que l'être humain s'auto-centre toujours davantage et ne s'écoute plus, est évidente. Maintenant, je constate surtout qu'Östlund s'est pris les pieds dans le tapis car en souhaitant évoquer cela sous des kilos de branlette intellectuelle (passez moi l'expression), le bougre s'écoute seul devant le miroir. Son histoire, il ne nous la partage pas, il ne cherche pas à transmettre à autrui, il le fait entièrement pour lui et pour satisfaire son ego déjà bien boursouflé.
Et c'est là que pour moi l'œuvre ne peut être que détestable : elle donne également l'impression de chercher à rehausser l'ego du spectateur en lui balançant des montagnes de métaphores au visage. Le spectateur se sent intelligent car il comprend le message derrière l'étrangeté mise en place. Fort bien. En retire-t-il quelque chose d'un temps soit peu intéressant ? Absolument pas.
Je ne nie pas que l'Art peut être vain, éphémère et concept tout en étant très bon pour des raisons nous échappant. Or, ici nous ne regardons pas un film, nous regardons une performance. Nous regardons une performance de 2h30 aux allures de court métrage avec une réalisation certes correcte mais surtout avec un thème musical balancé à tort et à travers sans logique aucune, avec des dialogues et des plans beaucoup trop longs, beaucoup trop appuyés et plats.
Sur ce dernier point on pourra me rétorquer qu'il y a une volonté derrière tout cela, que rien n'est laissé au hasard, qu'Östlund cherche à créer une réaction forte, l'exemple tout à fait probant étant la scène du dîner en compagnie de l'homme-singe. En cela je peux comprendre. Est-ce bien pour autant de faire vivre pareil malaise afin d'énerver les uns et de récompenser les autres de leur esprit ? Je ne crois pas comme je ne crois pas à ce cinéma pédant et hautain. Quand je pense que la palme s'est jouée entre 120 battements par minute et lui, je trouve ça rude. C'est rude car l'un instruit alors que l'autre joue les Narcisse.
Après, faites vous votre avis, le mien étant ce qu'il est, à savoir partial.
The Square fut pour ma part une expérience vécue dans la douleur ; sans cesse balloté d'une scène à l'autre sans le moindre intérêt scénaristique, n'apercevant ni le début, le milieu ou la fin. Un film qui est un non-film, une œuvre d'Art qui n'est pas de l'Art, du moins pas celui qui mérite d'être exposé pour ce qu'il apporte.