The Story of Kazakh Cinema (2015) / 53 min.
Réalisateur : Adilkhan Yerzhanov
Mots-clefs : Kazakhstan – Documentaire – Sovietique
Le pitch :
Dans ce faux documentaire historique, le cinéaste interprète son propre rôle, perdu dans les couloirs des studios de Kazakhfilm, croisant tantôt les réalisateurs frondeurs de la production locale, tantôt les instances qui tentent de lui faire avouer que le cinéma commercial est le seul ayant une véritable raison d’être. Un exercice grisant, autant qu’une note d’intention et un doigt levé à tout un pan d’une industrialisation sans âme du septième art.
Premières impressions :
L’étrange festival de 2018 a piqué ma curiosité en invitant le réalisateur kazakh « Adilkhan Yerzhanov », un type qui m’était complètement inconnu mais dont le pays d’origine était suffisamment exotique pour m’attirer. Je n’ai aucune honte à le dire, je ne connais rien du Kazakhstan. Je sais qu’il s’agit d’un ancien pays du bloc soviétique d’Asie centrale, je sais le mettre plus ou moins sur une carte entre la Russie au nord, la Chine à l’est et les pays en « stan » au sud, mais c’est à peu près tout. Pour le cinéma du coin, c’est pire. Je n’y connais rien, c’est à peine si j’ai une idée du cinéma soviétique, alors le cinéma kazakh…
C’est assez normal, parce que le cinéma kazakh n’existe pas, du moins c’est la thèse mise en place par Yerzhanov. Tout au long de son documentaire, le jeune réalisateur nous embarque dans les couloirs d’un sombre studio de cinéma, celui où la majorité des films de son pays ont été réalisés. Des films ont été réalisés au Kazakhstan, ça oui, mais étaient-il kazakh, étaient-ils même vraiment du cinéma ? Interrogeant différents réalisateurs, le jeune homme nous explique que sous le soviétisme, un seul style existait, un seul type de film existait et qu’il était fort compliqué de sortir du moule. Les rares réalisateurs à avoir tenté du neuf, de façon formelle, ont été censurés. Ce n’est pas tellement qu’ils réalisaient des films polémiques, c’est surtout qu’ils tentaient de créer une forme nouvelle, qu’ils interrogeaient le formel, le style, et ça, ça n’était pas possible en union soviétique.
Par sa mise en scène, des dialogues et quelques images, Yerzhanov délivre son message. L’homme réfléchit sur le cinéma et il veut créer du cinéma, pas du divertissement. Il veut créer des histoires, mais aussi une grammaire du cinéma qui soit propre au Kazakhstan. Il interroge, se confronte, se confronte au vide aussi, mais au milieu de toutes ces questions, il répond, dans le texte et dans la forme. Il nous apprend le passé et nous montre une voie pour le futur, sa voie, un style épuré, proche d'un certain cinéma japonais. Avec modestie, sans triomphalisme, mais avec une détermination qui renversera des montagnes.
Adilkhan Yerzhanov – 36 ans – réalisateur Kazakh. Retenez ce nom et ce cinéma naissant. Il pourrait bien vous offrir une qualité inattendue, une image superbe et un feeling puissant. Oui, Adilkhan Yerzhanov, retenez son nom.