Quelque part au milieu de la nature coréenne, un homme au bord de l'eau enfile un vers sur un hameçon. Le vers gesticule quelques instants puis s'immobilise. L'appât est prêt. Ne reste plus qu'à le lancer, parce que c'est à ça que sa sert, un appât, on le lance et on attend. On attend que quelque chose vienne y mordre. Qu'est ce que ce sera, ça, on ne peux pas le savoir à l'avance.
Non, on ne peux pas. Alors, on attend et on verra.
Quelque part au milieu de cette nature coréenne, une petite ville coincée dans le temps entre les éléments qui l'éloignent loin du reste du monde, entre ces montagnes qui s'étendent à l'horizon comme des vagues sans fin et ces forêts qui étendent leur arbres jusqu'au ciel. Une petite ville où il se passe des choses étranges, où des gens meurent dans des conditions atroces, tués par des personnes devenus folles, où des femmes se balades nues la nuit, où les maisons brûlent, où l'urticaire se répand sur la peau de toute la ville plus rapidement que la peur ne prend possession des esprits des habitants qui l'habitent.
Une petite ville coincée dans ses fantasmes et ses croyances, ses traditions et ses légendes. Une petite ville où les rumeurs se répandent plus rapidement que la terreur galopante, où un japonais devient fantôme, mauvais esprit et bête démoniaque, où ceux aux comportements étranges sont forcément possédés, habitées, à exorciser, où les chamans sont respectés, vénérés, tout puissant. Une petite ville où un sergent un peu penaud, un peu lourdaud, le genre de sergent dont le travaille doit habituellement se limiter à retrouver des chats égarés et à renseigner des grands-mère apeurées suite à la perte de leur chat adoré, mène une enquête qui le dépassent avant même qu'elle n'ait vraiment commencée. Une petite ville où la frontière entre la raison et l'impossible se brouille, où le réel et le fantastique se mélangent jusqu'à une séance de chamanisme irréelle.
Une séance de chamanisme avec ses tambours et ses tambourins, ses costumes et ses couleurs, ses gestes et ses danses, ses animaux et ses sacrifices, ses objets et ses armes, ses mouvement et ses chorégraphies, ses incantations et ses cris, ses musiques et ses danses, ses rites et ses cérémonials. Ses possessions et ses transes. Une séance de chamanisme illuminée, suspendu dans le temps, tout là haut, avec toutes ces scènes qui ont marqué à jamais nos rétines et nos cerveaux à l'encre indélébile des rêves. Une séance de chamanisme où tout bascule, où le fantastique enterre la raison dans le fond d'une forêt avec tous ces morts qu'il a emporté et un fantôme japonais en fuite comme pierre tombale, où la folie vengeresse finit par s'emparer d'une ville perdu dans les sentiers labyrinthiques de son incompréhension. Par ce que c'est ce que les hommes font. Ce qu'ils ne comprennent pas, ils le chassent. Ils l'attaquent.
Alors, quelque part au milieu de cette nature coréenne, le diable dans sa caverne, finit ce qu'il a commencé, dispose de ce qu'il a appâté. Des hommes. Des hommes comme les autres. Des hommes corrompus par leur amour et leur haine, leurs espoirs et leurs peurs, leurs croyances et leurs valeurs.
Par leurs propres sentiments destructeurs.