The Stuff
5.6
The Stuff

Film de Larry Cohen (1985)

C’est bien connu, on n'en a jamais assez, on ne gagne jamais assez d'argent, on ne voit jamais assez de films, on n'écrit jamais assez de critiques, et on ne harcèle jamais assez les gens. On achète des tas de merde qui ne nous servent à rien si ce n’est à combler le vide notre existence. Alors on mange jusqu’à se remplir d’excréments, parce qu’il ne faudrait surtout pas gâcher la potée. On finit même pas saucer le pot avec les doigts. Rémy dans Ratatouille disait assez justement « si l’on est ce que l’on mange, alors je ne veux manger que de bonnes choses ». Une devise que feraient bien d’appliquer les américains plus souvent plutôt que de se gaver de fast-food et de Coca-Cola. On a pas attendu le scandale des glaces Haagen Daz pour savoir que les industriels nous empoisonnaient à grand renfort de sucres raffinés et d’acide gras saturés. Et quant on sait que le coca est financièrement plus accessible que l’eau dans certains pays comme le Mexique, on ne s’étonnera pas de voir autant d’obésité. Pour tout vous dire, son PH est si acide qu’on l’utilise parfois en hôtellerie quant on a plus de vinaigre pour détartrer les toilettes. Alors je ne m’étonne pas d’avoir vu une collègue gouvernante mourir d’un cancer du foie et de l’estomac après en avoir bu quotidiennement jusqu’à ses 47 ans. Je vais pas vous faire le rappel d’avoir une bonne hygiène de vie et de manger vos 5 fruits et légumes par jour, ce n’est pas vraiment le genre de la maison de donner des leçons, quoi que…


C’est donc à ce cher Larry Cohen que l’on doit ce truc que l’on appelle judicieusement « The Stuff », une crème glacée qui rend les consommateurs totalement accroc. C’est bon, c’est fin, ça se mange sans faim, une fois que l’on y a goûté, on ne peut plus en décrocher. Face à la recrudescence de ce nouveau phénomène de mode qui envahi le marché et dont on ne peut jamais louper le slogan à la télé ("Enough is never Enough"), des concurrents vont engager un espion industriel pour tenter de percer les secrets de fabrication de ce produit phare. Mais il se pourrait bien que son origine soit bien plus naturelle que nous le pensions, si ce n’est qu’elles poussent les gens à se comporter différemment et à se consumer dans un gloubi boulga vomitif lactée. Si rien n’est fait, il se pourrait bien que tout le monde se mettent à en manger et à convertir d’autres gens qui viendront garnir le rang des Stuffies totalement abrutis par ce nouveau produit. Difficile ne pas dresser parallèle évident sur les effets pervers engendré par la société de consommation sur lequel son réalisateur tire sans sommation. On pense notamment aux différentes polémiques ayant secoué le monde de l’agro-alimentaire au cours du siècle dernier, et que les émissions d’investigation du type Zone Interdite adorent dégommer pour susciter la peur, et nous montrer comment sont transformés nos produits préférés bourré d’additifs et de conservateur tel que le nitrite de sodium qui vous refilent le cancer en moins de temps qu’il n’en faut. Vous y repenserez la prochaine fois que vous achèterai vos filets de cabillaud gonflé à l’eau et aux anti-bio.


Satiriste dans l’âme, Larry Cohen n’était déjà pas à son coup d’essai et subvertit totalement le concept d’une série B hommage aux vieux films de science-fiction paranoïaque des années 50 (L’Invasion des Profanateurs de Sépulture) par une violente charge anti-capitaliste qui n’épargne rien ni personne. Les zombies emparés d’une boulimie sont en quelque sorte les descendants directes de ces Body Snatchers élevés dans des cosses en batterie. Comme les juifs devant le veau d’or, les gens vénèrent ce nouveau temple dévolu à la consommation dont les franchises poussent comme des champignons dans le paysage urbain au côté des enseignes KFC et Macdonald et ce grâce au fabuleux maître d’œuvre des publicitaires sans moralité et de riches entrepreneurs prêt à tout pour exploiter le filon quitte à modifier sensiblement la recette et à en changer le nom pour nous refiler leur camelote et maintenir la dépendance. Mais ils ne sont pas les seuls à être visés par le réalisateur, puisque le scénario bifurque ensuite dans une parodie d’apocalypse Romerienne avec une armée de résistant emmené par un général complotiste et facho qui n’attendait que ça pour libérer le pays et s’emparer du pouvoir. Quant au héros interprété par Michel Moriary, il reste avant toute chose un fouille-merde opportuniste qui cherche autant à s’enrichir qu’à tout réduire à l’état de friche en manipulant son monde. La menace Stuffies définitivement écarté, reste néanmoins l’ombre du géant capitalisme à outrance, principal poison et vecteur de propagation de cette invasion.


Si tu es un zombie abruti par le consumérisme ou bien un crétin congénital obsédé par les réseaux sociaux… Il n’est pas trop tard pour te ramener à la vie. Rends-toi sur L’Écran Barge pour une dégustation gratuite de tripailles et de jambonneaux, du moins si tu es un cinéphile doté de bon goût et surtout d'un cerveau.

Le-Roy-du-Bis
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le 15 févr. 2024

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