Elle en pire
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le 10 oct. 2024
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Il y-a peut être finalement plusieurs façons de voir The Substance, personnellement j'ai assez rapidement oublié l'option du film intelligent et féministe récompensé à Cannes et plébiscité presque unanimement par la critique qui s'encanaille soudainement pour l'horreur trash. N'en déplaise sans doute à sa réalisatrice Coralie Fargeat mais pour moi The Substance est un gros bis très con, parfois assez drôle (pas toujours volontairement) et souvent très jouissif dans ses excès et donc c'est forcément un film que j'ai bien aimé.
The Substance c'est l’histoire d'une ancienne gloire de la télévision vieillissante qui sent qu'elle va bientôt être remplacée par une jeunette plus sexy qu'elle. Elle accepte donc une sorte d'expérience médicale lui permettant sous condition d'obtenir un double d'elle même, plus jeune, plus belle, plus combative … Comme il est dit dans la publicité une version améliorée d'elle même.
On ne va pas se mentir dès l'instant que Elisabeth Sparkle le personnage interprété par Demi Moore reste vivant après que son double soit sorti de son dos en lui arrachant les chairs j'ai complètement cessé de croire à l’histoire d'un point de vue réaliste, d'autant plus que l'alibi pseudo médico-scientifico-symbolico était déjà bien vaseux au départ. Coralie Fargeat avait d'ailleurs dit que le body horror était le parfait terrain de jeu pour abandonner le réalisme, peut être pas pour l'enterrer six pieds sous terre mais après tout pourquoi pas. Une fois bien calé dans l'idée que le film allait être un gros portnawak à la fois prétentieux et un peu couillon, on pouvait objectivement commencer à passer un bon moment. Alors bien sûr les plaisanteries les plus courtes sont souvent les meilleurs et le film dure facilement 30 minutes de trop surtout pour ce qu'il nous raconte et les enjeux dont les coutures sont aussi grosses que celles de la plaie dorsale de la pauvre Elisabeh. Car oui, on comprends assez vite que l'ambition de la jeune et jolie créature sortie du dos de son modèle (Margaret Qualley) va la ronger pour essayer de prendre définitivement sa place et que faute d'avoir bien lu le mode d'emploi de la fameuse substance tout va partir irrémédiablement en couilles. Quant au discours sur l'apparence, le jeunisme, les contraintes faites aux femmes pour rester jeunes et belles, les vilains messieurs libidineux il est plutôt rigolo à défaut d'être subtil ou pertinent, dommage qu'il s’accompagne d'une telle complaisance un peu beauf à filmer le boule des actrices. En tout cas la version upgrade du personnage principal n'a pas eu de mise à jour niveau intelligence puisqu'elle continue à chercher la célébrité en gigotant du croupion sans jamais vouloir infléchir cette triste destinée. On sent chez Coralie Fargeat une volonté de jusqu'au boutisme dans la provocation et l'horreur quitte à souvent en faire trop, ce qui personnellement me réjoui beaucoup quand ça vire délibérément au grotesque. Bon, on est parfois pas loin de la sortie de route un peu ridicule comme lorsque Demi Moore fourre une dinde et s'adonne comme un goret à la cuisine en faisant flamber des boudins noirs mais comme le prouve la scène on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs. Une scène m'aura en tout cas fait beaucoup rire lorsque devenue vieille, dégueulasse et limite impotente le personnage d'Elisabeth le dos courbé et un fichu sur la tête se barre en courant bizarrement pour récupérer sa dose de Substance (Alors que la scène d'avant elle pouvait à peine marcher (mais bon c'est du body horror on peut faire n'importe quoi) ; ce qui est drôle c'est qu'un court instant le personnage m'a fait penser à Maria des Bodin's (Je m'excuse pour cette référence) .
Alors oui on reproche aussi beaucoup à Coralie Fargeat d'étaler bien plus de références ( Shining – La Mouche – Society – Dorian Grey – Carrie – Phantom of the Paradise …. ) qu'elle n'a d'idées personnelles à mettre à l'image mais personnellement ça ne me dérange pas, la preuve j'adore les films de Tarantino. Et puis parmi toutes les références cités il y en a une quasiment jamais évoquée mais qui moi m'aura sauté à la gueule et qui est Frank Hennenlotter car il y-a un petit coté Basket Case voir Frankenhooker dans le film de Coralie Forgeat qui adopte souvent ce même ton d'humour trash et organique, et franchement un film primé à Cannes avec un peu de l'esprit barré d'Hennenlotter, que ce soit conscient ou non, j'ai juste envie de dire Amen !!. J'ai du mal à comprendre comment le film peut être reçu avec un tel sérieux et un tel premier degré alors que pour moi c'est clairement une farce grotesque, exubérante et crade comme un furoncle prêt à exploser. Même si on sent une certaine complaisance à étaler des scènes chocs et des séquences horrifiques qui font mal (dents et ongles arrachés, vieillissement des chairs putrides) le final est tellement extrême dans la démesure, le gore et le n'importe quoi qu'il a eu raison de presque toutes mes réticences. Le film ne mérite sûrement pas toutes ses éloges et ses prix , mais il ne mérite pas non plus d'être totalement discrédité au regard de son accueil critique et public plutôt positif.
Oui c'est couillon, oui c'est trop long, oui ça bouffe à tous les râteliers, oui le message est convenu, oui c'est bourré de maladresses comme d'incohérences, oui niveau message féministe c'est souvent discutable, oui Coralie Fargeat ne serait pas forcément heureuse que je qualifie son film comme tel, mais The substance est pour moi un gros Z assez généreux et donc globalement très divertissant. Je reconnais tout le paradoxe de cette critique qui dit autant de mal d'un film alors que finalement j'en pense surtout du bien.
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Créée
le 15 janv. 2025
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