Les 5 plus grosses incohérences de The Substance

Après avoir exploré le rape and revenge dans son premier long-métrage, Coralie Fargeat s'essaie au body horror. La cinéaste s'impose dans le paysage cinématographique avec un scénario féministe coup de poing et un visuel tape à l'oeil.

The Substance est un savant mélange :

- Des thèmes de Darren Aronofsky. On retrouve les tourments intérieurs, l'addiction, la solitude, les espaces confinés, la descente aux enfers progressive d'un Requiem for a dream ou d'un Black Swan.

- Des visuels clipesques et ultrastylisés de Nicolas Winding Refn (The Neon Demon) et la virtuosité technique de Gaspar Noé (Enter the Void, Climax).

- Du gore grotesque à la Carpenter (The Thing) et Cronenberg (The Fly). Incontestablement la partie la plus réussie ! Coralie Fargeat fait preuve d'un jusqu'au-boutisme démentielle et pousse le curseur du genre à l'extrême. Le film prend un virage nanardesque jubilatoire, quitte à laisser au bord de la route une partie des spectateurs.


Avec toutes ses belles influences, la cinéaste impose un cinéma qui tâche et qui choque. Parce qu'une image vaut mieux que milles mots, elle se dispense de longs discours féministes et signe une œuvre sensorielle, percutante, radicale. Malheureusement, peut-être parce que l'ambition visuelle est complètement démesurée, la forme prend le pas sur le fond. Non seulement il est parfois trop facile de se cacher derrière la caricature pour excuser un certain manque de finesse, mais en plus certaines "simplifications" du récit empiète un peu sur la qualité du film (ATTENTION IL Y A DES SPOILS) :


1. La manière dont Elisabeth découvre l’existence de la substance, et tout le procédé qu’il y a autour (une clé USB, vraiment ? Un point relai digne d’un locker Amazon ?). Et qui accepterait de se l’injecter sans aucune connaissance du produit, sans aucun avis extérieur, sans assistance médicale, avec tous les instruments médicaux qu’il y a et des instructions aussi peu claires. Les scènes avec le SAV finissent de décrédibiliser le propos. Certes, on sent le côté caricatural de la marchandisation du corps (pour montrer que certains sont prêt à n’importe quoi pour être beau), mais ce degré humoristique tranche selon moi trop soudainement avec la première partie du film et ne colle pas au personnage d'Elisabeth (qui est le seul personnage à ne pas être caricatural, donc pourquoi agirait-elle de la sorte ?).


2. Elisabeth est de plus en plus réduite physiquement (scène de la jambe devant la télé) mais se tape des sprints sans pression à la fin. Déjà qu’on avait du mal à comprendre comment Sue devient une experte en BTP pour construire cette porte secrète toute seule...


3. Le male gaze dénoncé par la réalisatrice (une incohérence selon moi mais tout dépend de la lecture que l'on en fait). Le deuxième chapitre du film (“Sue”) est sans doute le plus décevant. Souhaitant dénoncer la façon dont sont sexualisées les femmes, Coralie Fargeat décide de filmer différemment Demi Moore et Margaret Qualley. On est alors témoin d’une accumulation de scènes très sensuelles, très longues, très répétitives et complètement gratuites. Alors oui, on sait, c’est fait exprès ! Mais on en fait quoi de ces scènes ? Parce que Coralie Fargeat n’en fait absolument rien, comme si le propos du film suffisait à excuser l'hypersexualisation de son actrice.


4. Pourquoi Sue et Elisabeth ne communiquent pas entre elles ? Les deux contactent désespérément le SAV pour se plaindre l’une de l’autre mais elles ne pensent à aucun moment à partager un journal de bord ou à se laisser des messages l’une pour l’autre ? Sue sait très bien qu'elle est dépendante de la bonne santé d’Elisabeth pour exister, donc pourquoi ne fait elle rien lorsqu’elle voit le corps d’Elisabeth se dégrader ? La logique voudrait qu'elle cherche à trouver des réponses, malgré la haine de l'autre, pour son propre bien-être.


5. Pourquoi créer une meilleure version de soi-même si ce n’est pas pour en profiter en pleine conscience ? Elisabeth ne savoure aucun des moments de vie de la meilleure version d’elle-même donc pourquoi continuer ? Etant la matrice, elle aurait pu arrêter beaucoup plus tôt.

Créée

le 11 nov. 2024

Critique lue 14 fois

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