Elle en pire
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le 10 oct. 2024
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Après une pause de deux ans avec le cinéma, je reviens avec Substance...
...Et repars aussitôt.
Dans ce film, je vois une compilation de références cinématographiques, pseudo-philosophiques. Une représentation superficielle d'une révolution. Un brouillon de Julia Ducournau. La version violente et gore de Xavier Dolan (désolée les fans...).
Enfin, c'est bien beau de cracher sur un film, mais sans argument, ce n'est pas la peine. Alors POURQUOI tant de haine ? Trois points : le message, la représentation, "l'originalité".
Elizabeth Sparkle toujours en vie, l'étincelle, elle, est morte.
Eh oui, Lizzie, tu as beau faire plus de sport que moi, être plus riche, tu ne t'aimes pas. C'est la différence entre toi et moi. Ça et peut-être aussi le fait que tu portes beaucoup mieux les cheveux longs que moi.
Les hommes parlent de toi comme étant la femme que leur épouse a admiré. Pas celle que ceux-ci admirent. Ce temps est fini, tu es vieille maintenant. Les hommes te traitent comme un déchet dont il faut vite se débarrasser et qu'il faut remplacer par du neuf. Mais rassure-toi, les mecs te traitaient comme un objet à exposer en vitrine. Ceci dit, tu préfères revenir à l'époque où les hommes t'aimaient plutôt que de travailler avec ton esprit et avec passion.
On a déjà fait des films sur le vieillissement des acteurs, aussi, on y fait souvent référence dans les séries et films à propos du cinéma. (Mr. Nobody, Les Feux de la rampe, La fin du jour, Dix pour cent...)
Mais bon, personne ne l'a jamais raconté avec autant de violence pour le regard.
Les bélénophobes, il nous faut un avertissement.
Beaucoup trop d'aiguilles. Et ça ne va pas en s'arrangeant. Au début elles nous semblent propres, neuves, sous vide et donc à l'avenir glorieux. Plus le corps d'Elizabeth la Matrix est ponctionné, plus l'aiguille est infecte et impossible à regarder avec neutralité. Ce doit être la seule chose intéressante à l'image.
Du reste, j'avais l'impression qu'on me torturait, comme lorsque j'ai vu Titane. Pourquoi ces bruits atroces, pourquoi des corps gluant, ensanglantés ? Pourquoi une fin à la Carrie aussi détestable ? Tout ce sang déversé partout, sur chaque lieu ayant servi de décor pour le film...
Étrangement, c'est lors de la dernière transformation qu'Elizabeth/Sue semble se sentir le plus à l'aise avec son corps et son image. Ironique mais pas suffisamment exploité.
Je ne sais pas pourquoi cette mode du gore, du "body-horror" mais à chaque fois, systématiquement, j'ai la furieuse impression que ce n'est qu'une excuse pour justifier le vide du message délivré dans le film, une excuse pour avoir recours à une violence exutoire.
Mes proches me disent constamment que ma passion pour la médecine légale et la psychologie des criminels me poussera un jour à la tuerie. Mais et vous ? Lorsque vous prenez une forme de plaisir en appréciant ce genre de film ? Qu'en dire ?
Banaliser la violence et les choses dégoûtantes n'a rien d'anodin, c'est un sujet à prendre au sérieux.
Je n'arrive toujours pas à m'expliquer tant de violence gratuite.
Des références, des icônes mais rien de nouveau sous le Soleil.
Entre le long couloir à la mode de Shining, les nombreuses références à Carpenter, une petite pensée pour David Lynch ou même pour Refn. Ça commence à bien faire. Le plus drôle ? Ce sont tous des hommes. L'ironie est définitivement le maître mot ! Mais tout ceci me rappelle les entretiens avec Xavier Dolan qui disait s'être "inspiré" (avec tout récupéré) de réalisateurs mémorables tout en servant un message "progressiste" (fermé sur son monde) et qui n'a traduit une originalité que pour un film.
Oui, les palmiers de L.A. sont des phallus, toutes ces fesses partout les suggèrent, tous les hommes dirigent les femmes blablabla. On le sait ! On n'a pas besoin vendre des corps parfaits (car bon, à l'âge de Demi Moore, soyez sûrs que je serai moins sexy qu'elle) détruits par le vice, ravagés par le regard des hommes sous cette forme.
Au final, en sortant du film, au-delà de mon estomac tout retourné, je me suis dit "Mais finalement, qu'est-ce-que je viens de voir ??". La réponse c'est que j'ai vu le film d'une réalisatrice qui se veut originale mais qui n'a fait que me dégoûter du cinéma de genre. J'ai à la fois l'impression d'avoir vu du vide mais le vide le plus bruyant possible.
Allez, je m'en vais regarder du Michel Powell...
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il y a 3 jours
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