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Dans le genre body horror, The Substance ne laisse pas indifférent. Coralie Fargeat propose un deuxième film d'une intensité dans la lignée de Titane (Julia Ducournau, 2001), Climax (Gaspard Noé, 2018) ou Black Swan (Darren Aronofsky, 2010). Une expérience visuelle et psychologique de 2h20 pour la moins éprouvante, qui prend du temps à être digéré.


The substance est un film gore et feministe qui aborde les thèmes du vieillissement, de la sexualisation des corps, du patriarcat, de la gloire et de l’autodestruction. Demi Moore, révélée au grand public grâce à son rôle dans le drame fantastique Ghost (Jerry Zucker, 1990), incarne Elisabeth dans le rôle d’une superstar qui fait écho à sa propre carrière.


Elisabeth Sparkle (protagoniste) vit seule à Los Angeles dans son luxeux appartement et dédie sa vie à une émission de télévision dans laquelle elle réalise son show de fitness. Elle a son étoile sur le Hollywood Walk of Fame, voit son portrait et son corps affiché sur dimenses affiches publicitaires dans tout Hollywood. Elle est aimée et acclamée.

Mais du jour au lendemain son producteur, archétype du goujat sexiste, et sa bande d’actionnaire détestable, la congédie sans vergogne car « People always ask for something new. And at 50, it’s stop…».

Détruite car son univers s’effondre, Elisabeth tombe sur une substance jaune fluo qui lui promet de devenir une plus belle version d’elle même, une fois toutes les deux semaines…


Au rythme d’une musique techno industrielle, on plonge dans une atmosphère glaçante et glauque à la The Neon Diamond (Nicolas Winding Refn, 2016) où l'obsession pour le corps se mêlent à des gros plans sur de la chair à vif maltraitée, des organes malformés, des plaies triturées, des couleurs flashy aveuglantes, des images de bouffes dégeulasses. Jamais un boudin n’aura suscité en moi autant d’horreur !


On perçoit clairement le thème de la descente aux enfers. Elisabeth met le doigt dans un engrenage auquel elle ne peut plus renoncer. Ses complexes vont se transformer en une dysmorphobie extrême et violente. Et, a un rythme toujours plus intense, on s’enfonce profondément dans une atmosphere nauséabonde insupportable.


Je suis personnellement toujours partagé à savoir si l'exposition de la violence à ce niveau de démesure contribue à la portée du message ou répond uniquement à un désir gratuit de sensationnalisme et de provocation.

Néanmoins, l'outrance assumée du dernier quart d'heure du film peut s’interpréter comme la libération d’une rage féminine trop longtemps confinée. On ne peut s’empêcher de sourire face à ces hectolitres de sang qui viennent gicler à la face d’une société patriarcale malsaine et d’un business aliénant.

Un film qui, en tant qu’homme, nous oblige tout de même à une remise en question. Le dégoût que l’on peut ressentir tout au long du film n’est peut-être que le reflet de notre propre regard porté sur le corps féminin.


On notera les clins d’œil à de nombreuses références cinématographiques: l’emblématique couloir de The Shinning (Stanley Kubrick, 1980) et la scène de défonçage de porte de Jack Nicholson. Les gros plans sur les aiguilles et les pupilles qui se dilatent de Requiem for a dream (Darren Aronofsky, 2000). La métamorphose du personnage de Jeff Goldblum dans La Mouche (David Cronenberg, 1986) pour la dernière transformation. On souligne également une évidente référence à l’Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick, 2001) lors du passage de « Ainsi parlait Zarathoustra » (Richard Strauss, 1896) ; ou encore l’appétence de Quentin Tarantino pour les scènes finales sanglantes.


Pour conclure, on quitte la séance avec un certain soulagement, heureux de pouvoir enfin reprendre son souffle. On reste un instant étourdi et confus, avant qu’une certitude ne s’impose : finalement, je ne suis pas si mal tel que je suis. C’est très bien comme ça, et on va en rester là. La substance ? Non merci…

ColonelPatate
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le 21 déc. 2024

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Colonel_Patate

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