Ce récit autofictionnel baigné par la chaude lumière du soleil grec, oscille entre satire et introspection. C’est suffisamment malin et bien réalisé pour ne pas tomber dans l’exercice de style stérile.
C’est l’été. Deux amis se retrouvent sur une plage de nudistes. Demos (Yorgos Tsiantoulas) et Nikitas (Andreas Labropoulos) tentent d’y élaborer un scénario pour un film queer, drôle et surtout à petit budget. Ils vont s’inspirer de leur déroute sentimentale et de leurs parcours de vie pour construire une histoire qui ressemble furieusement au film qui se déroule sous nos yeux.
Un jeune cinéaste qui filme sa propre démarche de manière aussi frontale pourrait facilement tomber dans exercice de style égotique et stérile. Et effectivement, il peut parfois y avoir le sentiment pour le spectateur de débarquer dans l’entre-soi d’un milieu qui ne le concerne pas directement, ni ne l’intéresse. Mais cette sensation est désamorcée par l’excellente facture du film, que ça soit dans son interprétation ou ses cadrages. Les acteurs sont vraiment convaincants et bien dirigés. Il y a aussi quelque chose de fascinant de voir ces corps filmés sur une plage qui n’est pas sans rappeler celle de L’inconnu du lac. On dirait des kouros tout droits sortis de l’Antiquité. Ce dialogue avec le patrimoine culturel grec universalise habilement la mécanique du film, en philosophant sur l’art du récit et plus particulièrement sur le concept de héros. Cette approche maline et lumineuse compense au moins partiellement la superficialité et les répétitions d’un scénario archi revu.
Le film est conscient de ces limites (c’est même son propos) mais il n’échappe pas à une certaine vacuité. On y sauvera toutefois quelques fulgurances, comme le regard d’un prêtre à son amant ou les dialogues ciselés avec la mère de Demos. De manière générale, ses relations familiales sont bien plus intéressantes et originale que ses déboires sentimentaux avec son ex. The Summer with Carmen n’est donc pas une incroyable comédie, ni un essai arty arrogant. Il pourra nous amener un peu de soleil, de mer et de chaleur méditerranéenne, ce qui n’est pas négligeable après ce morne printemps.