Dans The Sweet East, la jeune Lilian traverse un miroir mais ce n'est pas l'Amérique des merveilles qu'elle va découvrir, l'ingénue, mais un pays désuni et souvent extrême, dans ses différents modes de pensée. Le premier long-métrage de Sean Price Williams, estampillé comme "le directeur de la photographie d'un grand nombre des plus importants films américains indépendants de la dernière décennie" vaut pour la qualité de ses images et son rythme rapide, moins pour sa narration, classiquement développée en chapitres successifs et plus ou moins bien raccordés. C'est le cinéma américain indépendant que l'on connaît, avec notamment des dialogues pompeux, censés sans doute ridiculiser ceux qui les prononcent, devant une Lilian dont l'innocence ne l'expose bizarrement pas à des dangers majeurs. Si satire il y a des différents groupes que l'héroïne rencontre, de manière un peu trop systématique, elle ne prête guère à sourire et s'avère d'une efficacité toute relative. L'on retient heureusement la bonne prestation de Talia Ryder dont le minois rappelle d'ailleurs celui d'une homonyme, à savoir Winona Ryder (ce n'est pas sa fille, semble t-il). The Sweet East n'est pas inodore ni incolore, peut-être juste indolore.