Lors d’un voyage scolaire, Lillian, jeune lycéenne, fugue. Impulsion ? Quête de nouvelles sensations ? Quoi qu’il en soit, Lillian va côtoyer des milieux atypiques et aux codes bien définis dans une fable picaresque contemporaine passant par le prisme de l’exploration de l’Est américain dans ce qu’elle peut compter de plus absurde.

Jusqu’ici directeur de photographie de nombreux films indépendants américains, Sean Price Williams se lance avec The Sweet East dans la réalisation.

Nous rencontrons ici des personnages incarnés et fascinants, tous symptômatiques d’extrêmismes, qu’ils soient religieux ou politiques. La manière dont ils sont filmés nous renvoie leur intensité en pleine face, captivant le spectateur. Si l’actrice principale, Talia Ryder (vue dans d’autres films indépendants tels que Hello, Goodbye, and Everything in Between ou dans le clip Déjà Vu d’Olivia Rodrigo) crève l’écran par son charisme et sa présence, son personnage se laisse façonner par des passeurs qu’elle rencontre et qui l’incorporent dans leur milieu en tentant de la définir d’après leurs propres attentes, que ce soit une “artiviste” punk” militante, une jeune fille sans repères dans un monde dégénéré ayant besoin d’être accoutumée à une civilisation plus raffinée, une vedette au charme suranné et au jeu magnétique d’un film d’époque, une fiancée captive…

Le physique de jeune ingénue angélique renforce ces projections, pouvant assimiler son parcours à d’autres expériences telles que la jeune Dolores/Lolita ou encore Alice au pays des merveilles, dont l’innocence est convoitée par des hommes aux intentions floues… Seulement, par sa fuite continue, elle ne fait qu'effleurer brièvement ces sphères, et c’est elle qui choisit véritablement les conditions de réalisation de ces expériences, partant lorsque la situation éclate ou qu’elle a obtenu ce qu’elle voulait.

La bande-son a des accents futuristes par moments, plongeant le spectateur dans un questionnement, renforçant le sentiment d’inquiétante étrangeté.

Je considère ces premiers pas comme une totale réussite, j’ai été happée par ce film durant 1h44. J’attends avec impatience ce que donnera la suite de la production cinématographique de Sean Price Williams et surtout, de revoir Talia Ryder à l’écran pour voir ce qu’elle a à proposer dans sa gamme de jeu qui se promet impressionnante.



alcidabava
8
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le 30 mars 2024

Critique lue 11 fois

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