Pitch, premières minutes : la famille Haruno est une famille... "pas comme les autres" (grrrrrr). Du talent évident de Katsuhito Ishii, nous ne saurons longtemps rien tant la galerie de portraits façon énième sundancerie de bazar pollue la première partie du film. Au prix d'une soi-disant originalité, nous aurons ainsi droit à une série de portraits qui n'en sont pas : chaque personnage est vaguement exubérant (juste ce qu'il faut) et résumé à un tic qui reviendra tout au long du film comme un gimmick. Type : John Machin a des lunettes violettes, est obsédé par les tarentules, et met des f à la place des j. Au mieux ça peut donner du Wes Anderson qui joue sur un fil dans ce registre (dans "Rushmore", bon, ça fonctionne mais attention, ça ne tient pas que visuellement, les dialogues aident beaucoup). Au pire, on a "Little Miss Sunshine" (no comment).
Le plus frustrant c'est qu'il y avait visiblement la place pour un joli film quand on voit certaines scènes remarquables (le garçon jouant au go avec sa camarade) et surtout quand Ishii prend la peine de creuser un peu le vernis indé. Les cadres et la durée des plans attirent vite l'attention. On est face à du cinéma - et ce n'est déjà pas mal. La nature est brillamment filmée. Les trains d'Ozu traversent le film. L'histoire du garçon fonctionne et tient enfin un semblant de fil narratif. Surtout, le temps aidant, le capital sympathie du film finit par l'emporter haut la main. Se dégage une certaine tendresse pour ces personnages un peu tocs. Charmant mais on regrette de se retrouver avec une Miranda July nippone quand on pense au film que cela aurait pu être.