On ne présente plus aujourd’hui John Carpenter à qui l’on doit Halloween, New York 1997 ou bien l'Antre de la Folie. Le réalisateur s’est fait un nom principalement dans le domaine de l’horreur et signera peut-être son œuvre la plus emblématique avec The Thing en 1982. Inspiré d’une nouvelle de John W. Campbell, le film va aller encore plus loin que l’œuvre littéraire dans la paranoïa suscitée par le danger omniprésent représenté par cette espèce extraterrestre venue d’un autre monde. Le metteur en scène, s’étant déjà fait un nom avec sa mise en scène géniale notamment dans son Halloween de 1978, remet ici le couvert dans une introduction qui pose tout de suite l’ambiance, froide comme son paysage et inquiétante. L’histoire qui prend place en Antarctique, commence par la chasse d’un hélicoptère norvégien auprès d’un chien. Ces hommes vont atterrir près d’une base américaine et leur comportement agressif ainsi que la barrière de la langue instaure de suite l’incompréhension chez nos personnages mais aussi pour le spectateur. L’équipage américaine se lance alors dans une enquête qui va les mener à découvrir les origines de ce mystère à savoir une créature extraterrestre découverte dans la glace. Evidemment c’est le début d’un cauchemar pour nos protagonistes qui vont se retrouver confronter à la bestialité de ce monstre dont le but est de copier chacune des espèces vivantes auxquelles elle rentre en contact. Va se mettre en place un huis-clos génial bien mené par le savoir-faire de Carpenter. Mais si on se souvient de ce film près de 40 ans plus tard, c’est aussi pour ses maquillages marquants que l’on doit au génial Rob Bottin. Il travaillera par la suite sur des films de Paul Verhoeven comme RoboCop ou encore Total Recall mais aussi sur Explorers et l’Aventure Intérieure de Joe Dante, autant dire que le bonhomme s’est fait un nom dans le milieu. Véritable artisan, son travail est à saluer et participe au malaise ambiant qui entoure cette créature tout simplement monstrueuse et effrayante. Le danger qu’elle représente renforce l’ambiance malsaine dans ce huis-clos où le danger peut intervenir à tout moment. Personne ne fait confiance à personne, mais le génie du film est de faire questionner le spectateur autant que ses personnages. On est autant perplexe que cet équipage en se posant la question de savoir où se cache cette créature parmi les scientifiques. Carpenter va même s’amuser à jouer avec nos nerfs à coup de fausses pistes et des plans de caméra qui inspirent l’incertitude sur le destin de certains personnages. Sa caméra fait des merveilles et le metteur en scène assure dans le domaine de l’horreur, il n’est pas étonnant de le voir aujourd’hui considéré comme l’un des maitres dans le domaine. Avec The Thing, il atteint même des sommets dans sa filmographie pourtant hautement qualitative. On pourrait presque dire que le film est intouchable tant il gère avec maestria les codes de l’horreur entre une mise en scène inspirée, des effets techniques géniaux, une musique signée Ennio Morricone qui participe au malaise de l’histoire avec ces tonalités si particulières. De plus, le film peut s’appuyer également sur la force de son casting. Kurt Russell se dégage évidemment en tête, alors au sommet de sa gloire, il dégage un charisme indéniable, entouré d’acteurs certes moins populaires mais tout aussi impliqués dans ce projet. Bref, le film réussit sur tous les tableaux, on pourra juste lui reprocher certaines facilités scénaristiques qui ont plutôt vieilli aujourd’hui. Mais dire que le film a pris un coup de vieux serait une erreur tant il n’a pas à rougir face à des œuvres horrifiques modernes. Il est même devenu un film iconique qui a inspiré beaucoup le cinéma mais également la télévision (on pense notamment à cette épisode d’X-Files dans la première saison très inspirée du film de Carpenter). Boudé à sa sortie, The Thing constitue dorénavant un film culte de l’horreur qu’il faut voir absolument pour tous les fans du genre.