Si vous connaissez un peu la genèse de ce film, vous savez qu'il est le Remake de La Chose d'un autre monde, un classique de la SF sorti en 1951 mais non assumé par son illustre réalisateur, Howard Hawks. The Thing a connu une carrière houleuse la faute à un certain E.T. de Steven Spielberg sorti la même année mais ses indubitables qualités lui ont peu à peu rendues ses lettres de noblesse à tel point qu'il est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands films d'horreur du septième art. La principale différence qui existe entre l'original et ce Remake réside dans la nature du récit, alors qu'en 1951 l'histoire s'inspirait de la menace communiste, le Remake s'intéresse à un thème bien plus universel à savoir la paranoïa. En effet l'intrigue se noue autour d'un huis clos autour de chercheurs découvrant une créature extra-terrestre qui peut infecter n'importe qui, humain ou animal et c'est justement là le génie de l'œuvre, la paranoïa devenant le centre du récit permettant de garder le spectateur en haleine jusqu'au dénouement final. Tout le monde à déjà parlé des effets spéciaux de Rob Bottin absolument géniaux et qui arrivaient à donner de la substance à la créature, ils n'ont toujours pas vieilli de nos jours et démontrent à qui veut bien l'entendre que les effets pratiques seront toujours plus immersifs que les effets numériques et ce quelque soit le budget. La musique d'Ennio Morricone parvient également à faire ressentir toute la tension et le mystère qui baigne dans le long métrage, elle s'impose par petites touches sans jamais être trop ostentatoire, un véritable régal pour les oreilles qui n'a absolument rien perdu de sa puissance évocatrice de nos jours. Les acteurs ne sont pas en reste avec en vedette un Kurt Russell au sommet de son art, jamais dans le surjeu et étincelant de charisme avec une économie de mots peu commune. Enfin comment ne pas évoquer la mise en scène virtuose de Big John qui transpire le savoir faire, chaque plan étant minutieusement pensé pour aller droit au but, sans fioriture, jouant régulièrement avec le hors champ pour faire monter la tension ou profitant au mieux de l'environnement enneigé pour accentuer le sentiment de paranoïa et de claustrophobie, du grand art. Pour conclure je dirais que The Thing est un modèle de série B horrifique, il exploite à la perfection un environnement cloisonné et des effets spéciaux pratiques d'exception pour donner corps à une référence du genre qui a inspiré et inspirera de nombreux réalisateurs à l'avenir. Total respect au maître John Carpenter qui nous offre une belle leçon de cinéma.