Après avoir mis le chaos à New York, John Carpenter s'attaque à l'Antarctique avec cette nouvelle lecture de La Bête d'un autre monde, lui permettant d'approfondir ses thématiques et idées de mise en scène.
Dans ce quasi huis-clos on retrouve bien cette atmosphère typique des Carpenter d'alors, angoissante et constamment sous tension, accentuée ici par la musique de Morricone. Il y rajoute un côté glacial et surtout claustrophobe et de plus en plus paranoïaque au fur et à mesure que l'on avance dans le récit. C'est l'une des grandes réussites de The Thing, savoir mêler différentes sensations, tout en formant un ensemble cohérent, Carpenter passant aisément de l'horreur gore à une ambiance parano, angoissante voire étouffante dans les moments-clés.
Sa réalisation est soignée, élégante même dans les moments les plus crades, et il nous tient en haleine d'un bout à l'autre du long-métrage. Il ne perd pas de temps à bien présenter les personnages, il jette son téléspectateur au milieu d'eux et lui fait subir les mêmes évènements, de la découverte inquiétante de la base norvégienne jusqu'à une parfaite conclusion, dans la lignée de ce qui a précédé. C'est pesant et dans ce sens, la scène du test est un modèle du genre alors qu'il reste toujours sobre derrière sa caméra, sachant toujours capter la détresse des personnages.
On retiendra aussi la façon dont Carpenter gère la chose, d'abord comme une ombre invisible et mystérieuse puis régulièrement de manière masquée, créant la discorde dans le groupe, la peur et la parano. Lorsqu'elle est visible, c'est tout le contraire, et elle reste, sous toutes ses formes, dans la postérité grâce aux superbes travails de Rob Bottin sur les effets spéciaux et les maquillages. Carpenter est dans son élément, maitrisant aussi le rythme, l'aspect visuel (les passages nocturnes sont superbes, idem pour l'exploitation du côté glacial) et l'alternance entre les tons, provoquant à chaque fois les effets recherchés. Enfin, devant la caméra, les comédiens sont remarquables, sachant donner vie à des personnages peu identifiables, en particulier un Kurt Russell charismatique et inoubliable.
Avec The Thing, John Carpenter jette son spectateur au milieu d'une base perdue d'Antarctique pour y suivre une expédition qui va vite tourner à la chasse, la paranoïa et un enfer angoissant et claustrophobique, maitrisant à merveille son cinéma, sublimant l'atmosphère ainsi que ses comédiens, et en particulier Kurt Russell.
Premier volet de la trilogie de l'Apocalypse, inspirée de Lovecraft.