Un grand film d’horreur, c’est réussir à installer un climat d’angoisse avant qu’il ne se passe quoi que ce soit d’horrifique (à l’instar de L’Exorciste de William Friedkin, où les scènes d’introduction en Iraq sont de même intensité). Et The Thing fait partie de ces films. La capacité de John Carpenter à faire monter l’angoisse simplement en filmant un Husky déambulant dans les couloirs de la station est prodigieux (un exemple parmi d’autres).
The Thing donne tout de suite le ton et la signature Carpenter. Un large cadre épuré montrant l’immensité du lieu de l’action, en Antarctique (magnifique mais terrifiant car isolé du monde et inadapté à la vie humaine). Puis un hélicoptère pistant un chien, dans le but de l’abattre. Le tout ponctué par une musique signée Morricone qui sonne terriblement Carpenter dans sa simplicité. Au bout de 30 secondes on s’interroge déjà et ce sera le cas tout au long du film.
THE THING, LE TREIZIEME PASSAGER ?
Le rapprochement avec Alien, le huitième passager de Ridley Scott est souvent effectué car il y a en effet plusieurs points communs :
- La menace extra-terrestre
- Le huis clos
- L’introduction (découverte du vaisseau, source d’origine du mal)
- Le corps humain comme base de propagation.
INVASION DES PROFANATEURS
Mais plus que son rattachement avec Alien le huitième passager, il est davantage le petit frère turbulent des films L'Invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel et L'Invasion des profanateurs de Philip Kaufman. Une prise de possession et une capacité d’imitation totale du corps humain, qui rend la détection de l’ennemi quasi impossible. L’alien de Ridley Scott utilise le corps pour y naître tandis que celui de Carpenter (comme pour Siegel et Kaufman) EST le corps. L’imitation signifie la mort. La propagation est totalement transparente puisque remplacement à l’identique au lieu de destruction du corps comme dans Alien, le huitième passager.
Cette « invasion » installe automatiquement un phénomène de paranoïa où l’on ne sait jamais qui est contaminé et qui ne l’est pas. Cela amène a des erreurs de jugement irrévocables (meurtres de non contaminés) et fait le jeu de La chose sans que celle-ci n’intervienne.
Rarement un « méchant de film » n’a été si invulnérable. Le combat est inégal puisque le camp du bien peut à tout moment basculer vers le mal. Cela laisse une ultime interrogation dans la dernière scène du film, où le happy-end n’est réservé qu’aux plus optimistes d’entre nous.